Interdiction de fumer !
six mois après l’application d’une loi réactionnaire…
Adieu la convivialité enfumée du petit bistrot de quartier ! Finit aussi le petit resto entre amis ou en famille !
Et nous ne parlons pas de la petite pause-café des travailleurs, des réunions politiques et associatives, des jeunes réunis au café après les cours, et du fait que c’est tout simplement un pan entier de notre vie sociale qui vient d’être dégradé avec tout un mode de vie et une culture qui se voient enterrer vivante… Telle est la réelle conséquence de cette mesure liberticide !
Comprenons-nous bien : il ne s’agit pas de nier aux non-fumeurs, la possibilité de bénéficier d’espaces mieux ventilés et même sans tabac, et il ne s’agit pas non plus de nier les risques liés à la consommation excessive de tabac, il s’agit simplement d’approcher la question de manière sociale et générale ! Une fois émancipé de la vision simpliste et bien-pensante sur le « tabagisme passif », que constate-t-on vraiment et quels sont les véritables enjeux de cette mesure ?
Les premières données indiquent une baisse de fréquentation de 20 à 40% pour une large moitié des bistrots du territoire, c’est-à-dire la mort programmée d’un nombre important de ces véritables « petits chez soi publiques », qui ont une fonction ô combien importante dans la vie et l’équilibre des villages et quartiers du pays. Eh bien tout cela, avec les multiples conséquences que cela entraîne, constitue déjà un crime contre la société et les classes populaires ! Par ailleurs, avec les réformes des pantins au pouvoir il faut toujours savoir lire entre les lignes, et chercher où sont les intérêts cachés. Et ces mêmes politiciens au service des riches, ces mêmes préparateurs de l’aggravation de nos conditions de travail, de l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites, ces mêmes bourgeois mouillés jusqu’au coup dans les scandales de l’amiante, bref ces éternels ennemis des populations pauvres, a-t-on vraiment de bonnes raisons pour considérer qu’ils se soucient des conséquences du tabac sur notre santé ? Evidemment NON ! Oserions-nous suggérer que, derrière la culture aseptisée à l’anglo-saxonne, que derrière aussi la casse de la vie collective et donc l’accentuation de nos divisions au profit du « chacun chez soi », puisse se cacher une nouvelle manœuvre pour justifier demain, par exemple, le déremboursement par la sécu de certaines maladies liées aux tabac ?
ELIAS
Publié dans Combat n°1 Mai/Juin 2008