Les émeutes de la faim
La sauvagerie et l’anarchie libérale viennent de donner toute leur mesure dans les récentes « émeutes de la faim » de populations des pays en voie de développement.
L’incapacité récurrente du marché à s’aligner sur les besoins réels des populations s’est manifestée une nouvelle fois. Son incapacité chronique à anticiper, à s’adapter aux besoins des populations se matérialise dans l’horreur des ventres gonflés et par les 12000 morts de faim journalier que ce mode de développement inique impose aux populations de notre humanité. Nous sommes aujourd’hui en capacité de produire 2.5 fois les besoins globaux de l’humanité en alimentation de base (riz, farine, sorgho, maïs, blé, le soja, lait…). La surface agricole exploitable des états Unis à elle seule permettrait de nourrir en céréales la population mondiale. Mais, les loups assoiffés du sang des peuples, en ont décidé autrement, ils ne produiront pas pour les marchés non solvables, ils ne produiront pas en fonction des besoins réels des populations, ils produiront pour ceux qui peuvent payer car telles est la logique de l’économie de marché et de son rejeton : la société de consommation.
A peine rassasié par l’immobilier ils viennent maintenant investir le marché des matières premières et alimentaires déséquilibrant de façon criminelle l’offre et la demande pour satisfaire leurs petits intérêts particuliers et égoïstes. Ces assassins en costar cravates se nourrissent de notre misère et des corps décharnés de nos frères d’Afrique et d’ailleurs ! Entre Janvier et Février, le volume de contrats concernant les matières premières a bondi à Londres de 70 % par rapport à la même période en 2007. Les capitaux spéculatifs et leurs assassins légaux se précipitent aujourd’hui sur ces marchés prometteurs et à forts potentiels de profitabilité. La farine, le blé, le maïs, le lait ne sont plus aujourd’hui accessibles à de larges couches de population et ce, dans de nombreux pays. Le riz, aliment de base de la moitié de l’humanité, a augmenté de 120 % depuis 2007. Les productions agricoles et les économies vivrières locales se retrouvent déstructurées par une logique capitalistique imposée de l’extérieur.
Pourtant les économistes patentés, attablés aux plus belles tables de nos pays riches, nous disent ; Que les forces productives sont insuffisantes, que l’offre stagne alors que la demande est en perpétuelle augmentation, et que l’on ne peut donc pas nourrir toute la planète…
Rappelons à ces évangélistes de la mort, à ces croyants crédules et grand Théoricien de la « main invisible » du marché que : L’Afrique était -hors périodes climatiques défavorables- quasi auto suffisante en production agricole dans les années 60-70. La libéralisation des échanges dans le cadre des ajustements structuraux imposés par le FMI, moyennant l’échelonnement de la dette, a eu pour corollaire la mise en concurrence des productions agricoles locales avec les productions sur-subventionnées d’occident. Ces dernières firent baisser les coûts de production tellement bas que les petits producteurs locaux ne purent suivre. Ces producteurs n’ayant plus les mêmes atouts comparatifs durent fermer boutique ce qui réduisit les moyens d’auto-suffisance alimentaires de ces pays. Ces changements économiques dirigèrent les populations rurales vers les grandes métropoles urbaines où aujourd’hui le peuple meure de faim entassé dans de sordides bidonvilles. Le système pouvait encore se maintenir et éviter l’implosion tant que les prix restaient bas. Mais le jour où les prix augmentèrent, l’indépendance alimentaire n’étant plus, l’impact sur l’alimentation des populations de ces pays fut terrible et aujourd’hui nous assistons à un génocide alimentaire ! Camarades, nous avons le devoir de nous engager clairement en faveur d’un changement révolutionnaire des rapports de propriétés, pour une socialisation internationale des moyens de production et une gestion humanitaire, rationnelle et planifiée, des ressources planétaires !
Dans les pays en voie de développement l’alimentation représente jusqu’à 70% des salaires, contre 15% dans les pays développés. La situation actuelle risque de laisser des traces et provoquera une instabilité politique et sociale sans précédent dans ces pays. Cela provoquera mécaniquement une instabilité politique importante, une fracture entre les cliques gouvernementale pro-impérialistes à la solde des grandes multinationales et les populations laborieuses d’une trentaine de pays aujourd’hui concernés à travers le monde. Nous devons, nous autres, communistes révolutionnaires, mettre cela en lumière dans nos entreprises, dans notre propagande et notre intervention quotidienne auprès des populations, en partant des faits, nous devons démontrer l’incapacité de l’économie de marché et du régime de propriété privée des moyens de production à satisfaire les besoins élémentaires des populations.
Les terres et les bras des travailleurs, ils sont là !
Dehors les spéculateurs !
Dehors les profiteurs !
Place aux producteurs associés et à la planification démocratique de la production par les travailleurs et pour les travailleurs !
ERWANN
Publié dans Combat n°1 Mai/Juin 2008