Que pensons-nous de la police ?

Que pensons-nous de la police ?

 

On en conviendra aisément, le rôle de la police, gendarmerie, et autres appareils répressifs, est de protéger l’Etat en place, Etat bourgeois, donc de protéger la classe bourgeoise. Par définition même, la police a donc un caractère réactionnaire.

Cependant, contrairement aux « gens d’armes » du moyen âge, la police des sociétés bourgeoises est composée d’individus issus des classes populaires que l’Etat utilise pour réprimer leur propre classe. La problématique qui se pose par rapport à ce paradoxe dans les milieux révolutionnaires, c’est donc le rôle qu’auront les forces de police dans la révolution : Appareil réactionnaire au service de la bourgeoisie, ou appareil marqué par la classe qui le compose, et qui comportera un certain nombre d’éléments progressistes, voire révolutionnaires ?

Constatons d’abord, qu’historiquement les forces de police restent très souvent soumises à leurs directions. Lors de la seconde guerre mondiale, la police française a servi l ‘Etat collaborationniste de Pétain. C’est la police française qui a organisé le fichage des juifs, des tziganes, des communistes, puis leur déportation. Les cas de policiers ne jouant pas le jeu ont été anecdotiques. Pour exemple, le lendemain de la rafle du Vel D’Hiv, les forces de police présentes n’ont eu a déplorer qu’une démission !

Les forces de police, en général, étaient donc essentiellement collaborationnistes, elles étaient à l’image du régime de Vichy.

Pourtant, à la libération de Paris, puis de la France, par les forces américaines et la Résistance, la police a alors organisé le fichage et la répression des anciens collabos (même si les mieux placés n’ont guère été touchés, et ont même dirigé la police, comme le préfet Maurice Papon). Les flics n’avaient pas changé, il s’agissait des mêmes individus qui avaient collaboré.

Difficile de connaître l’avis d’un tel ou d’un tel dans cette période, mais toujours est-il que cet exemple prouve la solidité du lien existant entre police et volonté de l’Etat bourgeois.

Mais la police reste néanmoins composée d’enfants des classes populaires, qui, d’après les statistiques votent à droite ou à gauche dans des proportions semblables à celles du peuple. Données qui justifieraient le vieil adage «y’a pas que des fachos dans la police». Par ailleurs, les grandes centrales syndicales possèdent toutes leur syndicat de police, et en 1968 on a pu voir la CGT police distribuer des tracts aux CRS disant « attention, en face, c’est vos enfants ! »

Et pourtant, aujourd’hui, une grande partie des syndiqués policiers, si ce ne sont pas pour autant des fachos (ils peuvent même voter à gauche…) le sont dans des syndicats qu’on peut classer à droite, voire à l’extrême droite. De même quelle position peut tenir un syndicat ouvrier, quand il voit ses camarades ouvriers se faire réprimer par ses « camarades » policiers ?

Du point de vue du rapport des policiers à la population, les faits semblent également être têtus. Les brutalités et les bavures, quand elles sont répertoriées restent aussi fréquentes et un récent sondage du CSA sur les « contrôle au faciès » a confirmé que les préjugés raciaux perduraient dans la police.

Mais les faits qui contribuent le plus à déterminer notre positionnement à l’égard des forces de l’ordre sont les suivants : Comme par hasard, à chaque grand mouvement populaire ou ouvrier (mai 68, mouvement anti-CPE), les brutalités policières explosent. Et lorsque celles-ci surviennent, qu’elles concernent de simples blessures volontaires à l’encontre de jeunes lycéens de 14 ou 15 ans, ou qu’elles impliquent tout simplement des assassinats, rares sont les démissions et les flics ne semblent jamais ne rien regretter.

Ceci s’explique par la formation d’un esprit de corps bien particulier dans la police. Car à force de passer une grande partie de leurs heures de travail à ne rien branler (piquets, heures de garde, fameux apéros…), à se détendre, à discuter entre eux, les policiers en viennent à se souder, a se formater en somme dans une forme de solidarité bien singulière. C’est ce corporatisme qui va conduire les éléments les plus progressistes à soutenir leurs camarades fascisants, à se comporter même comme eux dans le cadre de charges, et de fait à se soumettre à la réalité ingrate de leur fonction. Les éléments progressistes et humanistes sont ainsi détruits par le corporatisme. Ou bien ceux-ci se soumettent à une honteuse complicité, ou bien ils se condamnent à la dépression ou au suicide.

En fonction de tout cela, les forces révolutionnaires sont l’ennemie des forces de l’ordre et ne peuvent pas perdre de vue la tendance suivante ; Plus la lutte se radicalise, plus le corps policier déterminé par sa fonction de préservation de l’ordre établi deviendra réactionnaire.

Par conséquent, même si les policiers sont des enfants d’exploités et même si nous ne nous priverons pas d’exploiter les contradictions du corps policier si celles-ci surviennent, les révolutionnaires doivent se préparer et préparer la population à l’affrontement inévitable avec les forces de police. L’Etat bourgeois est suffisamment fort pour transformer quelques enfants du peuple en miliciens dociles au service des dominants.

Faisons donc en sorte que leurs victimes deviennent un jour des prédateurs !

Publié dans Combat n°2 Juillet/Aout 2008

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