La dictature du prolétariat
et sa forme politique,
la démocratie soviétique.
Tout Etat, par définition, est dirigé par et pour une classe sociale déterminée.
L’Etat esclavagiste l’était au profit des maîtres qui fondaient leurs moyens de production sur l’exploitation d’esclaves sans droit. L’Etat féodal était lui fondé pour servir la classe des nobles, sur la base de l’exploitation des paysans-serfs. Et aujourd’hui, ce sont des Etats capitalistes qui assurent l’exploitation de la masse salariée au profit d’une poignée de riches capitalistes qui s’accaparent de manière privative, les principaux moyens de production, d’échange, et les ressources de la planète.
Mais demain, inévitablement, une nouvelle classe sociale viendra conquérir, dans de nouvelles conditions, les rênes de la société. Quelle est donc cette classe sociale destinée à fonder un nouveau pouvoir, puis une nouvelle organisation sociale ? Eh bien, il ne peut y avoir de doute sur la question, il s’agit de la grande classe montante et majoritaire, celle de la masse salariée, autrement dit, celle du prolétariat moderne.
L’Etat de la dictature du prolétariat, bien qu’il fût expérimenté prématurément dans les conditions d’un prolétariat encore nettement minoritaire, bien qu’il ait donc connu une première période d’échecs, deviendra donc, en toute logique historique, l’outil de libération du peuple salarié et de toute l’humanité.
Mais qu’est-ce qu’un Etat de la dictature du prolétariat ?
Trop nombreux sont en effet ceux qui confondent, par dogmatisme ou par idéalisme, le contenu social de l’Etat du prolétariat, avec la forme de démocratie qui doit, en principe, s’y accorder. Un Etat au service du prolétariat, est par définition même, un Etat qui assure et défend le programme et les acquis politiques et sociaux du prolétariat, en expropriant la bourgeoisie, en transformant la propriété capitaliste en propriété prolétarienne et sociale, en développant l’économie et la société sur des bases socialistes…
En revanche la dictature du prolétariat n’est malheureusement pas automatiquement garante d’un pouvoir de contrôle et de décision de l’ensemble du prolétariat et du peuple en général, c’est-à-dire d’une démocratie soviétique effective. Et pourtant, la dictature du prolétariat doit naturellement, de façon quasi vitale, tendre vers la forme politique de démocratie avancée que constitue le pouvoir du peuple organisé en assemblés soviétiques.
Pour comprendre cette importante nuance entre le contenu de classe d’un Etat, et sa forme politique, prenons l’exemple des Etats capitalistes. Il ne fait aucun doute que tous les Etats capitalistes défendent un contenu social bourgeois, c’est-à-dire qu’ils défendent le droit du bourgeois à exploiter le salarié. En ce sens l’Etat capitaliste reste une dictature de la bourgeoisie sur le prolétariat et le peuple. Et pourtant l’Etat capitaliste, et son contenu social propre, peut adopter des formes politiques diverses. Il peut adopter, en cas de menace du prolétariat communiste par exemple, la forme politique d’une dictature fasciste des plus sauvages. Mais l’Etat capitaliste peut également développer sa forme de démocratie habituelle, c’est-à-dire la démocratie parlementaire bourgeoise, une forme politique « démocratique » sans nul doute avantageuse pour la bourgeoisie qui est passée maître dans l’art de masquer sa dictature et de tromper la majorité du peuple. La dictature du prolétariat procède de cette même nuance, à la différence importante qu’elle est, contrairement à la dictature de la minorité bourgeoise, fondamentalement et socialement une dictature de la majorité du peuple contre la minorité d’exploiteurs, et que l’enjeu de l’adoption des formes de démocratie n’est donc plus de tromper la majorité, mais au contraire de l’élever et de la faire décider du sort de la société.
Voilà pourquoi l’Etat du prolétariat, où les structures économiques sont devenues la propriété de toute la société, est d’avantage prédisposé a la démocratie réelle et donc à un haut degré de souveraineté populaire, que n’importe quelle « démocratie bourgeoise ». Pour illustrer cette idée, arrêtons-nous aux situations comparées de l’Etat capitaliste français, le gratin de la démocratie parait-il, avec l’Etat socialiste cubain, un méchant régime totalitaire à en croire les médias bourgeois. Que constate-t-on ? Que contrairement à l’Etat français qui a depuis bien longtemps adopté une forme de démocratie bourgeoise, l’Etat socialiste cubain n’a en revanche pas pu et/ou su adopter une forme de démocratie soviétique. Et pourtant, nous pouvons affirmer sans risque que l’Etat ouvrier cubain reste sous les principaux aspects, plus démocratique que ne l’est l’Etat bourgeois français. A Cuba, des millions de citoyens (sur 12 millions), sont directement impliqués dans la vie et dans les choix de la société, à travers d’organisations de masses : la Fédération des femmes cubaines(FMC), la fédération des étudiants universitaires(FEU), ou encore et en particulier, des comités de défense de la révolution(CDR) qui organise des habitants dans chaque pâté de maison de l’île, pour assurer avec un minimum de moyens(embargo oblige) le maximum de services gratuits a l’ensemble de la population. Nous sommes en France, derrière nos minables mascarades électorales, de toute évidence bien loin, d’une telle liaison entre le peuple et les institutions d’Etat, et donc d’un tel niveau de démocratie effective… Bien que la dictature du prolétariat a Cuba soit très loin d’avoir revêtu la forme de démocratie soviétique, son exemple illustre très bien la prédisposition « naturelle » de l’Etat socialiste vers une forme de démocratie supérieure. Mais en quoi consiste la démocratie soviétique et en quoi est-elle différente et supérieure à la démocratie bourgeoise ?
1) Premièrement, la supériorité de la démocratie soviétique provient de la nature même de la société socialiste, qui est maîtresse de l’ensemble des structures économiques et sociales. Les possibilités politiques d’action sur le social sont donc devenues incomparablement plus grandes qu’en société capitaliste.
2) La démocratie soviétique, ensuite, implique en permanence et de façon consciente, toute la population à la vie politique et sociale. Par définition, le soviétisme prévoit que chaque entreprise, chaque quartier, chaque village, ou encore chaque centre d’instruction et de culture, organise très régulièrement des assemblés délibérantes, où le peuple est invité à discuter et décider, de toutes les questions sociales et politiques.
3) Enfin la démocratie soviétique se fonde sur des principes fondamentaux tel que le mandat et la révocabilité de toutes les fonctions. Tous les élus mandatés sont ainsi en permanence responsables devant la masse du peuple et peuvent à tout moment être révoqués de leurs fonctions.
C’est ainsi que fonctionne notre démocratie prolétarienne, une démocratie active, vivante, ancrée au cœur du peuple, en un mot une forme de souveraineté populaire réelle et supérieure. Et cette démocratie ne relève pas de l’utopie politique, ni simplement de quelques parenthèses historiques (début du régime soviétique, éphémère république espagnole…) elle est celle que nous construisons embryonnairement à chaque fois que nous décidons, par la lutte, d’imposer nos revendications à l’Etat ou au patronat.
Nos assemblés générales, camarades, sont destinées, à devenir les centres de décision d’un nouveau pouvoir, celui du peuple révolutionnaire, et de la dictature du prolétariat !
Publié dans Combat n°9 Mai 2009