Noisy le Sec, Combat avec TASSOS
A l’annonce de 41 licenciements sur 88 employés, les salariés ont cru à un tremblement de terre. En grève depuis le 10 mars, ils bloquent les sorties des produits à tartiner dont Tassos (groupe Amaris) est l’un des leaders du marché français et européen.
Le 23/03, la situation s’est tendue après que l’entreprise fut déboutée en référé par le Tribunal d’un recours engagé pour faire débloquer l’outil de travail. L’ambiance était électrique entre salariés licenciés, des femmes originaires du Cambodge pour la plupart, et non-grévistes, des cadres mobilisés pour faire le coup de poing contre le piquet de grève.
« Nous avons dû sacrifier des emplois pour sauver l’entreprise et les 228 emplois restants du groupe », a expliqué à l’AFP Jean-Jacques Mennillo, président du groupe.
Le syndicat et les salariés licenciés demandent l’annulation du plan social et la « preuve » des difficultés financières alléguées par l’entreprise. Alors que certains travaillent ici depuis quinze ans, Amaris a proposé la réintégration de quatre personnes et une indemnité de 4 000 euros par licencié, ce que les grévistes ont refusé en bloc.
Après l’acquisition par le groupe Charles Armand -qui vient de former la holding Amaris avec cinq entreprises dont Tassos- les employés ont vu débarquer un nouveau PDG, dont la spécialité est le dépeçage d’entreprises au profit des actionnaires. Du Sénégal au Ghana, de Nouvelle-Calédonie à la Bretagne, il n’a commis que restructurations et licenciements. Les salariés l’ont vu à l’œuvre : accidents à cause des cadences infernales, doigts entaillés et coupés, bruit de plus de 96 décibels, locaux à moins de trois degrés de température, harcèlements, intimidations physiques, menaces contre les délégués et au début du mois, des problèmes de listériose.
Pour les comptes publics de l’entreprise, c’est la même chose. Depuis dix ans, elle n’a communiqué aucun bilan au tribunal de commerce. La direction n’hésite pas à utiliser les cadres contre les grévistes, les 228 salariés restants aux 41 licenciés. Maintenant, il s’agit de porter la lutte et la solidarité auprès des autres marques du groupe à Alençon, devant la direction.
Aujourd’hui se sont les employés de Tassos qui sont victimes de la logique patronale, mais nous en sommes tous la cible. Leurs intérêts ne sont pas les nôtres ! A la recherche de profits rapides les actionnaires placent et déplacent leur argent sur les filiales affichant les meilleurs résultats, causant l’anarchie dans le développement en fermant une entreprise simplement parce qu’elle n’affiche pas une rentabilité à 2 chiffres. Le capitalisme maintient tous les travailleurs sous ce joug et impose son diktat aux conditions de travail.
A Noisy-le-sec le piquet de grève maintient courageusement le blocage et bénéficie d’un soutien populaire dans la ville. Il faut développer les caisses de soutien auprès des habitants et les actions vers les boites aux alentours. Nous devons lier leur lutte avec celles des autres entreprises de la région, comme c’est déjà le cas avec le site ERDF situé en face et lui aussi en grève. Nous appelons la population, les habitants et les salariés, tous ensemble à soutenir la lutte des camarades de Tassos, à s’opposer au démantèlement de leur outil de travail et aux licenciements !
Publié dans Combat n°9 Mai 2009