Il y a 60 ans, naissance de la
république populaire de Chine.
Le premier octobre 1949 voyait la victoire définitive des communistes Chinois -organisés en une armée populaire de Libération- sur les nationalistes du Guomindang.
C’étaient les débuts de la République Populaire de Chine, qui -s’il elle est devenue aujourd’hui un Etat capitaliste- a été pendant longtemps un modèle suivi et admiré par des communistes du monde entier. Revenons donc sur cet épisode historique :
Le Parti Communiste Chinois fut créé en 1921 à Shanghai, alors que la Chine est une jeune république bourgeoise, dans laquelle s’aventurent inefficacement les communistes. Ils paieront par le sang cet aventurisme tactique : après avoir rompu avec ceux-ci, les nationalistes -menés par Tchang Kaï-chek- lancent une première offensive anti-communiste contre une insurrection ouvrière à Shanghai, en 1927. Dès 1928, le parti nationaliste, le Guomindang, a le contrôle de l’ensemble du territoire chinois. En 1931, les communistes, menés entre autres par le jeune Mao Tsé Toung, prennent le contrôle de la république du Jiangxi. Mais les nationalistes les en chassent, et c’est l’épisode de la Longue Marche. Mao fuit vers le Nord avec 100 000 hommes, ils ne seront que quelques dizaines de milliers à s’établir 12500 kilomètres plus loin. En 1932 les Japonais installent un régime fantoche en Mandchourie, puis envahissent la partie orientale de la Chine en 1937. C’est la seconde guerre sino- japonaise. A ce moment-là, les nationalistes du Guomindang s’allient avec les communistes pour résister aux Japonais jusque dans les années 1940. Les massacres de civils et autres exactions fortifient ce front anti japonais et les conflits entre communistes et nationalistes ne sont plus qu’épisodiques. En 1948, les troupes du Guomindang sont épuisées et démoralisées par 11 ans de lutte contre les japonais, souvent inefficace et ont été lâchées par leurs soutiens américains et britanniques. Dans les provinces contrôlées par les communistes par contre, la collectivisation est déjà en marche, et Mao bénéficie lui d’un fort soutien populaire. Il prend le contrôle de Pékin sans avoir à livrer de combat, ainsi que d’autres grandes villes du pays, durant l ‘année 1949. Le premier octobre 1949 la République Populaire de Chine est proclamée. Les communistes appuyés par la population entreprennent la socialisation de l’économie. Signalons quand même que des structures bureaucratiques, se mettent également en place, ce qui contribuera sans doute à l’échec d’un vrai socialisme en Chine. Les nationalistes -quant à eux- fuient à Taiwan, et font scission avec le reste du pays. Notons que l’ONU ne reconnaîtra pas la République Populaire de Chine, se bornant à reconnaître Taiwan comme « République de Chine », jusqu’en 1971…Comment nier l’existence en tant que nation d’un milliard de personnes ???
La socialisation permet d’améliorer le sort des chinois, surtout des masses paysannes, jusque dans les années 1950. A partir de là, c’est l’expérience du Grand Bond en Avant. Mao souhaite moderniser rapidement le pays qui reste très arriéré, et il veut l’élever au rang d’une grande puissance socialiste. Il prend ainsi ses distances avec l’URSS, qu’il considère en voie de restaurer le capitalisme après la mort de Staline. Malheureusement, la politique du Grand Bond en Avant sera menée de manière irrationnelle et trop précipitée; c’est l’un des premiers échecs de la révolution. Suite à cet échec, Mao quitte la présidence en 1958, Liu Shaoqi lui succède. Le pays se bureaucratise alors encore plus, et s’éloigne peu à peu de la ligne socialiste. Le régime met même fin à la collectivisation des terres !
En 1966, face aux tendances révisionnistes et au risque de restauration capitaliste, Mao s’appuie sur la jeunesse (les Gardes Rouges) et sur une série de principes d’actions publiés dans le « petit Livre Rouge », pour purger le Parti des éléments réactionnaires et sauver le caractère socialiste de la Chine. A cette fin, toute hiérarchie, y compris celle du Parti, est remise en cause, les dirigeants défaillants sont contraints de faire leur autocritique, parfois même sont humiliés publiquement. Le volet culturel de cette révolution était la lutte contre les mandarins, la religion, les vielles valeurs traditionnelles, dans le but d’établir une culture socialiste chinoise propre.
L’esprit, la jeunesse et la ténacité des Gardes Rouges inspireront de nombreuses luttes dans le Monde, notamment les mouvements de 68-69. En Europe c’est la grande époque des groupes maoïstes. Dans la décennie suivante, la lutte entre les réformistes et les Gardes Rouges conduira le pays au bord de la guerre civile. Le chaos qui régnait dans certaines périodes amènera donc à une fragilisation des structures socialistes. En 1976, à la mort de Mao, le réformiste Deng Xiaoping prend le pouvoir. Il conduira bien vite à la restauration capitaliste en Chine, bien qu’en façade le pays garde l’appellation de république populaire et reste dirigé par le PCC. Deng Xiaoping « ouvre » la Chine à l’économie de marché, c’est la contre- révolution bourgeoise, où les, derniers aspects socialistes disparaissent peu à peu, jusqu’à nos jours.
Publié dans Combat n°10 ETE 2009