RSA : La solidarité selon le capitalisme.
Martin Hirsch est heureux de nous présenter le RSA ! Il n’est pas le seul, le patronat se frotte également les mains.
Annoncé comme la réforme sociale intelligente et dynamique censée en finir avec la gabegie et l’assistanat du RMI, le RSA est une vaste fumisterie qui ne rassure que les patrons. En effet, qu’est ce qui va changer avec le RSA ?
Pour le RMIste ou le chômeur percevant l ‘API, absolument rien ! Ils gardent respectivement leurs malheureux 450 et 755 euros par mois. Les travailleurs pauvres (contrats précaires, temps partiels) verront leurs revenus complétés jusqu’à un certain seuil : (1050 euros pour une personne seule).
Voici donc un dispositif qui s’inscrit dans l’assistance des travailleurs pauvres sans leur permettre de sortir de cette situation. L’accompagnement se révèle pire que pour les anciens bénéficiaires du RMI ! M.Hirsch n’a rien trouvé de mieux que de jeter tout le monde au Pôle Emploi qui, à peine créé, est déjà au bord de l’explosion du fait d’une surcharge de dossiers à traiter et dont l’inefficacité, au même titre que l’ex-ANPE, est garantie. Alors M.Hirsch, au moment d’annoncer la généralisation de la mesure à tout le territoire, nous raconte des chiffres trouvés dans les départements tests. Une fable dont l’enseignement est précisément à l’opposé des conclusions tirées par M.Hirsch : à savoir que les ¾ des reprises d’emploi constatées le sont à temps partiel et 28% sont des CDD. On observe également un transfert de ces reprises d’emplois des travailleurs sans diplômes vers des travailleurs plus qualifiés.
Bravo M.Hirsch ! Loin d’aider les travailleurs pauvres vous les avez officialisés. Vous pérennisez les faibles revenus et jetez des milliers de futurs travailleurs dans les griffes de la grande distribution et des entreprises de « services » qui se feront une joie de multiplier les sous-contrats sans se préoccuper de l’offre faite aux salariés, de toute façon l’Etat complètera les revenus afin qu’ils ne crèvent pas de faim !
Loin de soutenir les travailleurs pauvres, vous les stressez en recalculant leurs revenus tous les 3 mois. Vous les divisez en calculant le RSA sur le foyer fiscal, permettant que 2 salariés au même poste, dans la même entreprise, bénéficient de revenus différents. Vous les divisez encore en demandant aux célibataires d’attaquer leurs parents en justice, aux parents isolés d’attaquer l’autre parent et ce, à chaque fois, dans le but d’obtenir une pension alimentaire.
Il est loin M.Hirsch, tellement loin, qu’il exclut par avance de sa réforme toute la population d’outre-mer dont presque la moitié sont des travailleurs pauvres. Comme pour le RMI, il laisse les jeunes de moins de 25 ans (sans enfant) sur la touche, alors qu’ils représentent une bonne part des travailleurs pauvres et des chômeurs.
A la place, pour les travaux d’une commission sur la jeunesse, Martin Hirsch a demandé aux services du secrétariat général du gouvernement d’établir une liste des « limites juridiques en fonction de l’âge dont la justification n’est pas évidente » afin de repousser les limites fixées à 16 ou 18 ans dans certains métiers.
On voit bien comment s’organise la solidarité ! M.Hirsch a perdu contact avec la réalité depuis longtemps. Il voudrait nous faire avaler sa soupe idéologique puante et mensongère : celle selon laquelle il suffirait d’un peu de bonne volonté de la part des travailleurs pour trouver un emploi ; qu’il suffirait d’être un bon salarié pour être conservé par son patron et qu’il suffirait « d’inciter » un peu ces patrons pour qu’ils embauchent à tour de bras.
Les emplois ne se créent pas comme ça. Par contre, le chômage, l’assistanat et la désinsertion s’organisent en effet de la sorte. La solution contre le chômage c’est de proposer des emplois ; pour cela il faut réduire le temps de travail de tous.
Contre l’assistanat il faut augmenter les salaires. La dignité c’est du travail pour tous avec des revenus décents. Seule la planification de l’économie selon les besoins permet de partager le travail et les richesses.
Pour cela il est nécessaire d’abolir la propriété privée des moyens de production afin que les travailleurs soient enfin maîtres de leurs destins.
Publié dans Combat n°10 ETE 2009