La Poste : Il va falloir taper dessus pour qu’ils comprennent !

La Poste :

Il va falloir taper dessus pour qu’ils comprennent !

 

Les capitalistes ont les mains libres et la casse méthodique des services publics continue. En dépit des prières hypocrites de certains politiciens, intellectuels ou journalistes démagogues et intéressés; la crise n’a rien modifié du comportement des banques et de leurs marchés, ni du FMI et de sa politique.

Bref elle n’a pas « reformé » le capitalisme. Pourquoi en serait-il autrement ? Le système capitaliste se nourrit des crises qu’il engendre et les bonus des oligarques financiers américains vont encore atteindre des records cette année. La crise est pour eux une opportunité juteuse. Elle provoque la concentration des moyens de production et d’échanges. Des riches de plus en plus riches servis par un capital de plus en plus concentré et qui amène des crises toujours plus fortes. Non, rien ne changera car ils ne savent faire que ça ! Aucune opposition ne se dresse contre la volonté des actionnaires et de leurs hommes de main, « ce n’est pas la rue qui gouverne » avait impunément menacé Raffarin. Conscients de leur force ils continuent à se goinfrer, cette fois au menu : la Poste.

Que cache cette modification de statut de la Poste ?

Il est intolérable aux capitalistes qu’une partie de l’activité humaine échappe à l’économie de marché. Selon eux, Il faut la sauver ! « Avec l’Europe il faut la préparer à l’ouverture à la concurrence, nous n’avons pas le choix ». En effet c’est bien la mission de leur Europe : la libre circulation des capitaux et le marché commun. Le capital a besoin de toujours plus de débouchés ; il faut pour cela créer autant de marchés que possible et organiser envers et contre tout une concurrence artificielle. Même si cela se révèle désastreux en termes d’organisation et d’entretien des structures. L’exemple d’EDF-GDF sur ce point est édifiant. l’Etat a offert le secteur aux appétits voraces des actionnaires. Une des structures planifiés de production, distribution et commercialisation les plus efficaces du monde a été mise en pièces. Pourtant, le 6 avril 2004 – ce n’est pas si loin – devant des ouvriers de Gaz de France en colère, Nicolas Sarkozy martelait : « On ne viendra pas à la privatisation, c’est clair, simple et net. Il n’y aura pas de privatisation d’EDF et Gaz de France, c’est clair, c’est simple et c’est net. »

La Poste sera donc bien privatisée.

D’ailleurs, les directions successives ont déployé depuis le début des années 90 des stratégies résolument tournées vers une recherche du profit plutôt que du service public. Ainsi la Poste a multiplié ses filiales (291 filiales en 2008), certaines ayant déjà le statut de sociétés anonymes, et aussi ses acquisitions et ses implantations à l’étranger (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis, pays d’Europe de l’Est et pays émergents, etc.) On voit que loin d’être dépassée par la concurrence, la Poste est en fait le deuxième groupe postal européen.  Aujourd’hui, le groupe est divisé en quatre « métiers » : le courrier, les colis et express, les services financiers et le réseau des bureaux de poste. Le personnel a été formaté aux nouvelles stratégies de vente par le biais d’une communication interne intense et d’évaluation incessante des agents. Des prestations qui étaient auparavant gratuites, sont devenues payantes, les tournées sont réorganisées et allongées afin de réduire le personnel. Plus de 5000 établissements sont désormais franchisés et ne proposent qu’une vingtaine d’opérations contre plus de 400 dans un bureau en plein exercice. Les contrats de droit privé se multiplient et partout les conditions de travail se dégradent, les démissions ont augmenté de 50% en 2008.

Tout est prêt pour que les futures actionnaires s’en foutent plein les poches.

Mais l’entreprise aurait besoin d’un financement externe de 2,7 milliards d’euros, clame le gouvernement ; or elle n’a présenté aucun « business plan » ni rien qui justifie ce besoin. Au contraire, avec un chiffre d’affaires d’environ 20 milliards d’euros, elle est un leader international du marché. Elle a engrangé 800 millions d’euros en 2006, 1 milliard en 2007 et 520 millions en 2008. Au premier semestre 2009, en dépit d’une baisse de 19%, ce sont 388 millions qui sont venus garnir ses caisses. Rappelons que la Poste est un service public marchand qui s’est toujours autofinancé. Elle ne coûte rien, par contre elle rapporte : dans les années 80, elle a versé à l’Etat 4 milliards de francs par an, en moyenne. Ce pactole n’échappera pas longtemps aux intérêts privés. C’est tout l’enjeu du changement de statut.

Il faut être miro ou menteur patenté pour ne pas voir que dans tous les pays d’Europe l’ouverture à la concurrence est une catastrophe pour les travailleurs et les usagers. Les mauvaises vues se corrigent, les menteurs se combattent sans pitié.

Car c’est eux ou nous !

Depuis trop longtemps les travailleurs subissent les politiques patronales. Les acquis sociaux disparaissent un à un, le droit du travail est ignoré tandis que les organisations syndicales se compromettent. Elles ont trahi la lutte des classes, échangé leur mission historique contre leur participation et leur survie à travers le processus de liquidation des services publics. Le comité national pour la mobilisation contre la privatisation de La Poste est en ce sens l’expression naïve d’une organisation ouvrière qui demande à ses  bourreaux de ne pas les décapiter en échange d’une pleine collaboration. Si nous en sommes là, c’est que rien n’a jamais remis en cause ce processus. L’heure n’est plus à la concertation avec le gouvernement, ses intentions sont claires. Les protestations passives et dispersées des organisations syndicales n’y changeront rien, pas plus que les « referendums » grand-guignolesques. Si c’est ça leur contestation, il va falloir leur montrer l’exemple ! Le peuple sait bien ce qu’il va perdre et soutient le service public. L’heure est donc bien à l’action sur tous les fronts dans la reconquête des organisations syndicales. Les soumis et les vendus sont incapables de défendre les intérêts des travailleurs ; au contraire, ils ont effrité le rapport de force, en épuisant et bâillonnant les éléments les plus combatifs.

Malheureusement, le 49ème congrès de la CGT en décembre confirmera cette trahison. 

Non, pour que cela change, il faut que les travailleurs créent des conseils sur tous les sites afin de décider eux-mêmes de leur futur. Les postiers, par leur nombre et le soutien de la population, ont les moyens de faire plier cette politique absurde. Il ne s’agit pas d’aller manifester pour porter nos « votes » à l’assemblée. Nous ne mentons pas aux travailleurs en organisant ce type de mobilisation stérile. Nous ne les démoralisons pas en donnant le faux espoir de que le gouvernement se préoccupe d’eux. Nous nous organisons dans les quartiers et les entreprises pour rassembler les éléments les plus capables et les plus combatifs en vue de doter le prolétariat des véritables outils nécessaires à son émancipation.

Le pouvoir est entre nos mains. Le monde de demain nous appartient.

Cinq syndicats de La Poste (CGT, CFDT, FO, SUD et CFTC) ont appelé l’ensemble des postiers à la grève le mardi 24 novembre « Si le gouvernement persistait sur son objectif de faire voter cette loi », les organisations syndicales ont prévu de « créer les conditions d’une manifestation nationale dans la semaine du 13 décembre » Et si ça ne suffit pas ?

Publié dans Combat n°11 Automne/Hiver 2009

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