Quand l’extrême gauche flirte avec l’antisémitisme…
L’entreprise israélienne AGREXO, qui fait de l’import- export de fruits et légumes, devrait prochainement s’implanter à Sète, permettant la création de plus de 200 emplois, dans cette région languedocienne durement touchée par le chômage.
AGREXO commercialise des produits cultivés dans les colonies israéliennes, grâce à l’exploitation du peuple palestinien, mais aussi de travailleurs israéliens et européens. Le NPA et diverses organisations d’extrême gauche se sont offusqués de l’implantation d’AGREXO à Sète, créant un comité de lutte et organisant des rassemblements. Très bien. Mais pourquoi contre AGREXO ? « Parce que cette entreprise se développe sur le dos de la population palestinienne bafouée » disent-ils. Mais n’importe quelle entreprise, dans notre système capitaliste, se développe sur le dos de pauvres gens. Déjà pour AGREXO, sur le dos des pauvres palestiniens, mais aussi des hébreux et européens qui travaillent pour elle. AGREXO réalise une plus-value, c’est comme toutes les entreprises, une entreprise capitaliste. Elle vole une partie de la production de l’ouvrier, qu’il soit hébreu, arabe ou européen. Comme toutes les autres entreprises. Pourtant quand IBM s’est installé dans la région on n’a pas entendu rouspéter la LCR sur le fait que cette entreprise allait exploiter ses travailleurs, et qu’elle faisait fabriquer des composants électroniques à bas prix dans le tiers monde…
Non, si le NPA et d’autres se soulèvent, c’est parce que c’est « bien vu » aujourd’hui de s’élever contre une entreprise israélienne, d’être à la pointe d’un combat contre Israël, à n’importe quel prix. Qu’on soit contre la politique colonialiste israélienne c’est très bien, mais il ne faut pas sombrer dans l’opportunisme au point d’en arriver à flatter les sentiments antisémites d’une partie de la population. Les « anti-AGREXO », au lieu dans leur tract assez hallucinants de comparer AGREXO et Tsahal, de condamner le conseil régional « allié d’Israël dans ces massacres de civils » (on croirait de la vieille propagande antisémite de Vichy !), ferait mieux de parler du problème, pour AGREXO comme pour les autres, de l’argent public qui est distribué pour s’implanter, sans aucune garantie. De parler des problèmes de l’agriculture paysanne à l’heure où un géant de l’agroalimentaire arrive dans la région, et du problème des priorités au sein du conseil régional. Et de parler des problèmes de la colonisation en Israël, certes, mais sans tout mélanger. Mais pour le NPA, qui a arrêté de parler de révolution, et sombre dans l’opportunisme, on en est bien loin…
KOMA
Publié dans Combat n°11 Automne/Hiver 2009