Sans-papiers :
la chasse s’accélère
Depuis quelques années déjà, la chasse aux sans-papiers se développe en France à l’instar de nombreux pays européens.
Une série de mesures a été adoptée afin de durcir les lois anti-immigré des pays membres, en France en 2008 c’est 29000 étrangers qui ont été expulsés.
Cette politique réactionnaire se base sur une logique comptable, un quota d’expulsion étant déterminé chaque année, et relève de la manipulation électoraliste plutôt que de la réalité économique et sociale qu’est l’immigration. La politique du chiffre ne tient pas compte de l’histoire de ses milliers d’êtres humains traités comme des animaux qui se retrouvent du jour au lendemain expulsés vers leur pays d’origine. Nos politiciens ont oublié que l’immigration devient une nécessité, une question de vie ou de mort lorsque l’on se trouve dans des pays en guerre tels que l’Afghanistan, l’Irak ou encore la région des Grands Lacs en Afrique. Nos gouvernants n’ont que faire des droits de l’Homme et des charters sont affrétés au frais du contribuable (27 000 euro par expulsion) pour le rapatriement d’afghans comme le 20 octobre dernier. Cela vaut aussi pour certaines minorités persécutées ou des groupes ethniques apatrides tels que les kurdes.
Le rapport annuel de la Cimade sur les centres de rétention est accablant sur les abus et les mauvais traitements infligés aux personnes. L’association dénonce le rôle «de plus en plus carcéral» des centres, et d’une manière générale la «banalisation de l’enfermement» et «l’industrialisation de la rétention» En 2008, en métropole, 32 284 personnes, dont 222 enfants y ont été enfermées, les durées allant de 24 heures à 32 jours. Cela fait 25 ans que la Cimade apporte une aide juridique aux étrangers dans tous les centres et locaux de rétention administratif du pays, seulement aujourd’hui cette vue d’ensemble gêne le gouvernement qui a décidé de repartir l’assistance juridique entre plusieurs associations afin de saper le travail de l’organisation. Rien ne doit empêcher le soldat Besson d’accomplir sa mission, ainsi les procès pour délit de solidarité se multiplient avec des condamnations à la prison avec sursis à la clef pour les militants. Quelques jours auparavant c’était l’ONG Human Rights Watch qui dénonçait dans un rapport les conditions d’accueil des mineurs étrangers dans les « zones d’attente » où ils sont privés de tous leurs droits et humiliés par la police aux frontières.
Les politiciens Sarkozystes et leurs acolytes réactionnaires se réjouissent du démantèlement oh combien médiatique et inutile de la « jungle » de Calais où des centaines de migrants attendent de passer en Angleterre. Ils oublient que des centaines d’autres tout autant désespérés reviendront tenter leur chance. On parle moins des arrestations aux sorties d’écoles de gamins scolarisés, et dont les parents dans la plupart des cas sont parfaitement insérés, travaillent et contribuent de fait au paiement des prestations sociales des français. Ces travailleurs de l’ombre occupent bien souvent des postes très pénibles et sous-payés comme dans les entreprises de nettoyage, dans le bâtiment, la sécurité ou la restauration. Ils sont sciemment employés par leurs patrons ou des agences d’intérim dans le but de pouvoir violer impunément le droit du travail et exercer une pression constante sur les travailleurs. Avec la bienveillante complicité des divers donneurs d’ordre -dont l’Etat- à qui cela profite. Les mouvements de grève de 2008 et de 2009 permettent de mettre en lumière la situation de ces hommes et de ces femmes obligés de travailler dans des conditions déplorables, constamment sous la menace de se faire dénoncer, à subir la loi patronale sans pouvoir s’y opposer. Réjouissons-nous de la reprise de ce mouvement qui depuis le 12 octobre jette le discrédit sur l’Etat français en démontrant le rôle réel de l’immigration clandestine dans l’économie.
La régularisation des travailleurs sans papiers doit être la première étape d’une régularisation de tous les sans-papiers. Ils sont des dizaines de milliers à vivre sur le territoire français et à participer à l’économie de notre pays, à contribuer au brassage culturel de la France. N’oublions pas que le sol français a de tout temps accueillit des vagues migratoires, qu’elles soient polonaises, italiennes, espagnoles, maghrébines, etc. et qu’aujourd’hui les descendants de ses migrants composent notre société. Il ne peut y avoir de logique comptable, de politique du chiffre face à la détresse dans laquelle se trouvent ces milliers d’individus. Nous devons plus que jamais nous battre contre les expulsions et la discrimination et opposer nos valeurs communistes et internationalistes aux politiques nationalistes démagos et au mépris de l’homme.
Aucun être humain n’est illégal.
MEHDI
Publié dans Combat n°11 Automne/Hiver 2009