Chine :
Pour une nouvelle révolution communiste !
L’actualité internationale dans les grands médias français fait depuis une décennie ses gros titres sur la Chine, et son prétendu « miracle capitaliste », qui aurait aux yeux de l’historiographie officielle conduit un pays socialiste barbare et arriéré aux joies du développement économique et du confort moderne.
Cette vision simpliste ne résiste pourtant pas à une analyse précise de la situation en Chine ; ces mêmes médias de masse sont d’ailleurs bien forcés de reconnaître qu’actuellement, la Chine fait plus parler d’elle pour sa flambée de violence sociale et la destruction de son environnement que pour son développement modèle.
Pour comprendre la situation actuelle il est nécessaire de connaître l’Histoire de la Chine : après la révolution chinoise ayant permis l’accès au pouvoir du Parti Communiste Chinois, puis plusieurs décennies d’expérience socialiste, les communistes considèrent généralement que la Chine a amorcé sa période de restauration du capitalisme entre 1976 et 1978, avec l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping. Si après cela sont arrivés 30 ans de destruction des acquis socialistes, le sort de la Chine n’est pas le même que celui de la Russie. En effet, le révisionnisme a été plus tardif, mais n’a pas eu besoin de rejeter les apparences « communistes » (rappelons que l’état chinois se réclame toujours du marxisme) car une série d’expériences ratées avaient fragilisé l’état socialiste et la confiance du peuple dans le parti. C’est le cas de la Révolution culturelle, qui a échoué à mettre en place une nouvelle culture, ou du Grand bond en avant, tentative avortée d’industrialisation du pays.
La structure même du parti, qui avait limité les pouvoirs de la base, a permis de livrer « clé en main » cet énorme appareil de contrôle à des bureaucrates qui ont balayé le marxisme-léninisme.
Qu’en est-il actuellement de l’état chinois, alors ? C’est un état dominé par des capitalistes locaux mais occidentalisés et directement liés à la bourgeoisie américaine et européenne par ses liens financiers (la Chine est en effet le créancier des Etats-Unis) ; ces élites ont conservé la forme socialiste de l’état pour en faire une coquille vide, machine de répression au service du capitalisme. L’état chinois se réclame des démocraties parlementaires libérales de l’ouest, mais sans pour autant s’encombrer d’un verbis respectueux des « droits de l’homme », laissant libre cours à l’autoritarisme.
Pour nous communistes, il apparaît que la Chine est un état capitaliste à vocation impérialiste. Dans la situation actuelle, les rapports économiques et financiers entre la Chine et les pays en développement qu’elle vise ne font pas véritablement de cet état un état impérialiste. Pourtant son projet est clair : la ligne dominante au sein de la classe dirigeante chinoise est de se créer à long terme un empire. On pense par exemple à ses investigations récentes en Afrique, où elle s’oppose au néo-colonialisme français ou anglo-saxon.
Dans cette situation, il faut également prendre conscience des luttes internes à la classe dominante. La bataille de succession dans le parti est particulièrement révélatrice. Le prochain congrès, en 2012, permettra aux dirigeants de placer leurs pions.
Et qu’en est-il du peuple ? L’état chinois étant un état policier particulièrement répressif, le terrorisme patronal n’a pas de borne. Après la guerre de l’information ayant vu la censure d’internet dans le pays, le conflit a pris une tournure plus concrète avec l’accroissement des « incidents de masse » (comprendre : émeutes). Actuellement, leur nombre est estimé entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines par jour sur tout le pays. A cela s’ajoutent les actes de violence commis par des « marginaux » dans une ambiance de déliquescence du modèle capitaliste, voyant les inégalités exploser entre le prolétariat chinois et une infime minorité de grands patrons, banquiers ou bureaucrates du parti «communiste » au pouvoir qui s’approprient toute la prospérité économique due à une développement inégalitaire.
En tant que communistes, notre devoir est de soutenir la classe ouvrière chinoise, et de lui faire confiance. Les principaux syndicats étant aux ordres du pouvoir, les travailleurs ont développé d’autres modes d’organisation et d’action. Face à la violence du capital, s’étend la juste violence populaire ; les « flics » en entreprise sont directement visés, parfois abattus par les ouvriers exaspérés. Les méthodes toujours payantes de lutte, telles que les piquets de grève, sont employées.
Il est intéressant de noter que les manifestations récentes en Chine se font sous les drapeaux rouges et les portraits de Mao ; la contestation sociale, bien que ne pouvant s’exprimer librement, a pour but le socialisme.
Enfin, notons que des dirigeants candidats aux élections du Parti font une surenchère de références à Mao et au socialisme, dans un espoir un peu vain de contenir ou d’instrumentaliser la révolte grondante des travailleurs.
Nous espérons une intensification des luttes des travailleurs chinois pour leur émancipation, pour le renouement du peuple avec son héritage communiste ! Mais il faudra que le prolétariat chinois reparte de zéro et trace à nouveau son chemin révolutionnaire, car la superstructure de l’Etat chinois -si elle est héritière dans ses formes et ses symboles d’un régime socialiste- elle est aujourd’hui entièrement et définitivement rangée au service de la bourgeoisie chinoise.
Publié dans Combat n°14 Septembre 2010