Les syndicats sonnent la retraite ! La lutte pour les retraites, une lutte de classe !

Les syndicats sonnent la retraite !

La lutte pour les retraites, une lutte de classe !

 

Cette réforme n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Et autant le dire clairement : tout le monde est concerné, d’une façon ou d’une autre (sauf les personnes nées avant 1er juillet 1951)

Il s’agit pour la bourgeoisie d’une lutte incessante contre les travailleurs afin de s’assurer une part toujours plus importante de la plus-value, c’est à dire des richesses produites par le travail humain.

C’est l’unique sort que réserve la logique capitaliste au peuple que de tirer ses forces jusqu’à extinction totale. De le traiter comme un animal, un esclave que l’on entretien dans l’unique but d’exploiter sa force de travail. Tout comme les salaires, les retraites sont attaquées avec la même finalité : individualiser les rémunérations, faire peser les coûts sociaux sur les travailleurs, s’accaparer tous les marchés possibles.

Aujourd’hui on assiste aux attaques programmées et généralisées au niveau européen mais également dans tous les pays industrialisés par les différents gouvernements de droite comme de gauche, d’Irlande au Portugal en passant par le Japon et les USA. Ils appellent ça des « mesures d’austérité ». Les dettes et déficits des pays industrialisés ont été construits de toutes pièces par le pouvoir en refusant de prendre en charge les coûts sociaux, de financer les infrastructures et en exonérant toujours plus les cotisations patronales des entreprises afin de présenter la facture aux salariés. Les mensonges de l’Etat sont colportés par tous les médias, les partis bourgeois en font leur horizon indépassable et même les syndicats au mieux sèment la confusion, au pire collaborent allègrement. Il s’agit de nous faire croire que la France est pauvre. Pourtant quand il s’agit de trouver de l’argent pour renflouer certaines banques ou des industriels comme dans l’automobile en 2009 l’argent tombe du ciel et le financement ne fait aucun débat. Dans toute l’Europe on ouvre aux appétits voraces de la bourgeoisie tous les secteurs de l’économie : l’éducation, la santé, les services publiques. Il est insupportable au capitalisme de laisser ainsi des pans entiers de l’économie échapper à la logique de profit.

Rappel historique.

Au début du XIXème siècle, la classe ouvrière n’a encore aucune organisation, les institutions de défense des ouvriers se mettent en place petit à petit, d’abord à un niveau local et corporatif. Dans la seconde moitié du XIXème avec la révolution industrielle, le développement de l’industrie et l’organisation des ouvriers, les capitalistes comprennent qu’ils doivent contrôler et entretenir une force de travail. Il faut bien maintenir la production. Or, mutualiser les coûts sociaux comme la maladie ou la retraite est la solution la moins onéreuse, elle permet en outre d’en faire porter le poids sur les travailleurs via les cotisations salariales. De plus elles ouvrent de nouvelles mannes financières. Chaque caisse est gérée par entreprise et par capitalisation, ce sont les ouvriers qui payent par cotisation et l’on perd tout si l’on quitte l’entreprise. Une partie infime des ouvriers sont couverts par un système de retraite, moins encore peuvent réellement en profiter et celles-ci servent la plus part du temps à autre chose comme à payer les fournisseurs.

En 1910 la loi sur les Retraites Ouvrière et Paysanne institue le principe du droit à la retraite. L’âge est fixé à 65 ans puis rapidement à 60 ans (12% de la population) les pensions sont ridicules pour ceux qui y arrivent. Les cotisations sont obligatoires au début et alimentent des livrets d’épargne individuelle gérés selon la méthode de capitalisation.

A cette époque la question des retraites n’est pas une revendication prioritaire du mouvement ouvrier qui se bat d’abord pour la journée de 8h et l’augmentation des salaires. C’est une idée porté avant tout par les politiciens bourgeois les plus à gauche dans le jeu électoral. (SFIO incluse, sauf quelques-uns : Guesde, Lafargue). La CGT (née en 1895) refusait la loi et dénonçait le principe de la cotisation ouvrière prélevé par le patronat sur les salaires.

En 1945 est créé le régime par répartition de la Sécu. Un compromis entre le CNR (Conseil National de la Résistance) et la bourgeoisie. C’est à ce programme que s’attaque méthodiquement le patronat. C’est à lui que l’on doit les conventions collectives, la fonction publique, les entreprises publiques, les CE, la sécu.

Dans le système par répartition les actifs paient les retraites du moment. C’est un principe de solidarité intergénérationnelle qui socialise les coûts et les finance par les richesses produites sur l’instant même. Ce sont les cotisations (patronales et salariés) sur le travail des actifs d’aujourd’hui qui financent les retraites. A la différence du système par capitalisation, qui conduit les salariés à cotiser pour des fonds de pensions, autrement dit, des prêts non garantis dans la poche des marchés. En cas de faillite des fonds, les cotisants perdent tout.

Les arguments.

On vit plus longtemps ; (on a même entendu parler DSK de 100 ans !) Selon l’Insee un homme peut espérer rester en bonne santé jusqu’à 63,1 en moyenne et 64,2 pour une femme. Un ouvrier, jusqu’à 59 ans, un cadre 69 ans.

On nous parle de pression démographique, il y aurait « trop » de retraités et trop peu d’actifs. En 1970 on comptait 2,5 cotisants pour 1 retraité contre 1,8 aujourd’hui. Mais ils ne nous disent jamais qu’un travailleur produit beaucoup plus qu’auparavant grâce au progrès technique et à cause de l’intensité croissante des rythmes de travail. (Dans l’industrie un ouvrier produit 10 fois plus qu’il y a 50 ans !) Ils nous mentent encore en nous faisant croire que repousser l’âge de la retraite augmenterait le nombre de cotisants alors que la moitié des gens qui partent à la retraite ne sont déjà plus au travail. En France, chez les 55-59 ans, le taux d’activité est de 55,4%, tandis que le taux d’activité des 20-30ans et des 50-60 ans est le plus faible d’Europe.

Si le système est menacé, ce n’est pas pour ces raisons mais parce que tous les gains de productivité sont accaparés par les patrons. Par le chômage, la multiplication des bas salaires, le pillage des budgets de l’Etat, des entreprises publiques, la bourgeoisie arrive -crise ou pas crise- à accroître ses revenus (explosion des dividendes multipliés par 2,5 en 25 ans) et prendre une part plus importante dans la répartition de la plus-value (10 pts en 25 ans).

Le système des retraites a toujours été moins un acquis des luttes de la classe ouvrière que des miettes jetées par la bourgeoisie aux travailleurs pour préserver la paix sociale et ramener ses ouvriers à l’usine.

Aujourd’hui la lutte des classes pacifiée leur permet d’avoir les coudés franches pour se réapproprier une part toujours plus grande des salaires qu’elle verse. Ce n’est pas un choix de société mais la logique économique du capitalisme de répartition des richesses. Dans l ‘économie capitaliste les impératifs de rentabilité, de profits, de production primeront toujours sur la santé, l’équilibre nerveux et mental des travailleurs que ce soit dans les conditions de travail ou pour la retraite. Les inactifs, s’il s’agit d’enfants, sont un coût inutile et leur éducation doit se réduire au minimum nécessaire à leurs vies de travailleurs, mais si il s’agit de retraités, ces coûts deviennent intolérables.

La vérité est révolutionnaire.

La lutte pour les retraites ne peut s’inscrire que dans le combat syndical de classe. Un combat syndical forcement révolutionnaire parce qu’il se heurte quotidiennement aux intérêts de la classe dirigeante. C’est le combat qui amène les travailleurs à la conscience de la nécessité de se débarrasser de la minorité profiteuse du patronat et du gouvernement. Car il pose la question du contrôle des travailleurs sur la production et la répartition des richesses.

La question des retraites n’est pas un choix de société comme le travail le dimanche, mais un choix économique (systémique) comme la réduction du temps de travail. Seule une économie socialiste planifiée peut offrir une réduction radicale de la vie productive (du nombre des heures de travail par vie humaine) et satisfaire le besoin de retraite.

Dans la société capitaliste, société de consommation, si la réduction du temps de travail hebdomadaire est souhaitable pour permettre la récupération des forces suffisantes pour retourner travailler et la mise en place loisirs consommables, la retraite est un poids superflu.

Mais les organisations syndicales semblent depuis longtemps plus occupées à attendre des rendez-vous de négociations à Matignon qu’à organiser la résistance des travailleurs. La direction de la CGT s’est totalement compromise, aussi bien en travaillant sur le dossier pour le compte du gouvernement, qu’en sabotant le mouvement de contestation. Leur stratégie dans les entreprises, des actions en ordre dispersé sans perspective de lendemain, ne promettent aux travailleurs les plus révoltés et disposés à se battre, que la défaite. Notre mission est d’intervenir dans ces syndicats pour chasser l’esprit réformiste des directions syndicales traîtres et collabos. Les travailleurs savent que leurs intérêts sont incompatibles avec ceux du patronat et que leur lutte n’aura de sens que si elle mène à la rupture totale avec le capitalisme.

Les capitalistes et les mafias gouvernementales à leur service sont décidés à nous imposer tous les sacrifices pour perpétuer leur ordre économique, anarchique et destructeur. Notre mobilisation pourra les freiner, mais seule une révolution permettra d’arracher le pouvoir aux griffes des puissants parasites qui contrôlent la planète. Ainsi, une alternative économique révolutionnaire, fondée sur la propriété sociale des moyens de production, de distribution et d’échange, permettra de résoudre l’ensemble des problèmes de notre temps.

NEYA

Publié dans Combat n°14 Septembre 2010

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