Qu’est-ce que la révolution ?

Qu’est-ce que la révolution ?

 

Il y a beaucoup de mots du vocabulaire marxiste que la société bourgeoise, via ceux qui en sont les vecteurs conscients ou non, tente de dépouiller de leur substance et de leur vérité, le tout à des fins idéologiques qui visent à conserver l’ordre établi. 

Le terme révolution n’est pas épargné, et subit de plus en plus fréquemment des tentatives pour en travestir la nature. Il nous paraît donc nécessaire de poser la question suivante : qu’est-ce qu’une révolution aujourd’hui dans une société et un Etat capitaliste ?

On peut, pour illustrer notre propos, dénombrer trois grands types fréquents de dénaturation du mot révolution. Ces trois dénaturations se rapportent à des situations d’actualité et d’histoire, et ne sont pas toujours exclusives, c’est-à-dire que l’emploi galvaudé du mot révolution peut impliquer plusieurs de ses déformations à la fois.

Voici  un résumé de ces trois types de dénaturation du mot révolution :

1) Une révolution, à en croire les nombreux médias qui traitent de l’actualité internationale, peut être résumée à un processus -électoral ou non-, associé à une mobilisation populaire, débouchant sur le remplacement d’un gouvernement par un autre. En d’autres termes, la révolution est ici réduite à la « révolution de palais », à une petite révolution politique, c’est-à-dire au remplacement des dirigeants politiques au sein d’un même Etat avec donc, la même classe sociale au pouvoir (ex : la « révolution orange » en Ukraine).

2) Le terme révolution, peut être aussi être employé frauduleusement pour désigner une période de réformes accompagné d’un certain engouement populaire. Dans cette situation, un gouvernement populiste ou progressiste, met en place des réformes au sein d’un même Etat et d’une même société de classes (c’est-à-dire avec la même classe sociale dominante), entraînant quelques évolutions -forcément très limitées- dans la réalité sociale (ex : Hugo Chavez et sa « révolution bolivarienne » au Venezuela).

3) Enfin, le mot révolution peut être utilisé abusivement pour définir une période de mobilisation et d’effervescence populaire, ayant engendré ou sanctionné des modifications sociétales et culturelles au sein d’un même Etat et d’une même société de classes (ex : « mai 68 » en France).

Dans ces trois types de situation, il n’y a évidemment pas eu de révolution, c’est-à-dire de « révolution sociale », de révolution avec un grand R.  Dans le premier cas la révolution s’est borné à la sphère « politique » du groupe dirigeant et ne concerne pas la société ; dans le deuxième, elle n’est au mieux qu’un réformisme social, et dans le troisième elle n’implique, derrière l’échec d’un mouvement, qu’un aspect culturel. Mais, dans les trois cas, le même Etat reste, le même système économique et sociale perdure, et la même classe sociale garde le pouvoir.

Mais derrière ces dénaturations, se cache toujours la véritable intention de ceux qui craignent ou haïssent la révolution, c’est-à-dire l’intention de créer des confusions anti révolutionnaires. En semant des mensonges qui cherchent à faire croire au peuple que l’idée de révolution s’accommode avec l’idée d’élection par et pour les institutions d’un Etat bourgeois, ou encore que le principe de révolution peut s’associer au principe de réforme, les ennemis bourgeois de la révolution cherchent à entraîner le peuple dans l’impasse.

Voyez les partis politiques à la gauche de la gauche ! Le PCF, le PG de Mélenchon, mais aussi le NPA, ne parlent de révolution que dans le but d’en travestir le sens ! « Révolution par les urnes », « révolution électorale », « révolution par la réforme », ou encore, révolution comme « tendre engagement » ou « acte d’amour »…; les opportunistes démagogues de gauche multiplient les oxymores grossiers et les contre-sens stupides, pour vider tout le contenu subversif du terme ! Pour eux, tout est bon à inventer pour ne pas faire vraiment la révolution !

Eh, bien ! Que tous ces petits camarades, qu’ils soient des opportunistes pacifiés du mouvement ouvrier, ou qu’ils appartiennent à des partis rangés au service de la classe ennemie, qu’ils sachent donc que nous autres, marxistes, veillerons à faire planer au-dessus de leurs têtes de traîtres, le fantôme de la vraie révolution !

La révolution, camarades, ne passe évidemment pas par les urnes du système, elle ne se situe  pas non plus dans l’enthousiasme naïf de la réforme. La révolution c’est le renversement de la classe sociale dominante et de son Etat, par la classe sociale révolutionnaire. La révolution française, par exemple fut une vraie révolution. Seulement, il s’agissait à l’époque de renverser la classe de la noblesse et du roi, et la classe sociale révolutionnaire était la bourgeoisie. En ces temps-là, la bourgeoisie était très différente d’aujourd’hui, elle était une petite bourgeoisie populaire qui avait rallié les couches pauvres de la population à sa cause.

Aujourd’hui, la bourgeoisie est la classe dominante de la société. Nous sommes contrôlés et gouvernés par son Etat, celui qu’elle a créé et perfectionné pour servir ses intérêts. Ce sont donc aussi ses politiciens, de gauche comme de droite, qui nous gouvernent, et ce sont ses forces de répression qui nous contrôlent. A l’époque de la noblesse au pouvoir, les principaux exploités étaient les serfs. A notre époque, c’est-à-dire à l’époque de la bourgeoisie au pouvoir, les principaux exploités ce sont les salariés appelés aussi les prolétaires, le tout à travers son système économique, c’est-à-dire le capitalisme. A notre époque la classe sociale  prédestiné à faire la révolution, classe sociale déjà devenue majoritaire sur le plan mondial, c’est les travailleurs salariés, c’est le prolétariat !

La révolution aujourd’hui, c’est donc le renversement de la bourgeoisie et de son pouvoir d’Etat par le peuple salarié -et ses alliés- afin de gagner le droit d’édifier -à l’aide de notre propre appareil d’Etat- notre société, fondée sur notre organisation économique (propriété sociale des entreprises). Pour qu’un tel renversement puisse avoir lieu, pour qu’une révolution victorieuse  se déclenche, il faut au préalable que la classe salariée ait crée, au cours d’un mouvement de luttes et de grèves, son propre pouvoir. Ce pouvoir salarié, avec sa démocratie active (assemblés générales), et ses organisations de lutte (différents comités) doit ainsi parvenir à concurrencer le pouvoir d’Etat bourgeois. Grace à l’organisation, à l’expérience et à l’influence des  idées  défendues par le ou les partis révolutionnaires marxistes, le pouvoir salarié doit ensuite voir se dessiner l’objectif et la nécessité de renverser l’Etat en place pour se constituer  lui-même en pouvoir d’Etat de la classe salarié.

Enfin, le pouvoir salarié révolutionnaire, à l’aide du travail préparatoire mené depuis des années ou des décennies par les marxistes révolutionnaires organisés, doit organiser et déclencher l’insurrection populaire décisive. L’Etat bourgeois, assiégé et terrassé, doit ainsi laisser sa place à un nouvel Etat révolutionnaire, socialiste et salarié, qui aura pour tâche de réorganiser tout le fonctionnement social et économique…

Telles sont les grandes lignes  pour comprendre  la nature et le sens du mot révolution aujourd’hui !

Publié dans Combat n°15 Octobre 2010

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