La contestation stérile des « indignés » doit laisser… Place à l’esprit de révolte !

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La contestation stérile des « indignés » doit laisser place à

l’esprit de révolte!

 

Depuis plusieurs semaines que le mouvement de contestation espagnole dit «des indignés» s’est développé, faisant même quelques adeptes en France, ou encore en Grèce. Et il a fallu très peu de temps pour que les militants d’extrême-gauche ou syndicalistes s’aperçoivent des limites de ces rassemblements.

En fait, « les indignés », si ils traduisent un mécontentement on ne peut plus légitime, sont ce qui se fait de pire en matière de manifestation « politique ».Les mouvances altermondialistes, et il faut bien le dire, une bonne partie de l’extrême-gauche, nous avaient pourtant habitués à une contestation teintée de préjugés réformistes, pacifistes et apolitiques. Mais rarement nous avions eu droit à un tel condensé d’inconséquence tant d’un point de vue politique, qu’organisationnel…

En fait, la lutte « des indignés », appelé aussi « mouvement du 15 mai », est née à Madrid d’une initiative collective visant à s’inspirer de l’occupation permanente de la place Tahir qui avait eu lieu lors du mouvement de révolte égyptien. Cependant, les occupations des places en Egypte et en Tunisie, n’étaient que le corollaire d’une lutte beaucoup plus radicale et intransigeante.

En Espagne, malgré la violence et l’austérité sociale imposée par le gouvernement « socialiste » de Zapatero, le mouvement reste très consensuel, se contentant de rassemblements pacifiques sur les places publiques. Face à un gouvernement des plus réactionnaires, qui a -entre autres- baissé le salaire des fonctionnaires, supprimé l’aide de 400 euros pour les nombreux chômeurs, et fait reculer a 67 ans l’âge du départ à la retraite, il y a pourtant, en Espagne, matière a s’indigner… pour de vrai !

Mais l’esprit pacifique et peu politisé de cette mobilisation n’est pas à la révolte. Les mots d’ordre réclament « la démocratie réelle, tout de suite » s’illusionnant sur «des alternatives de participation citoyenne » dans le cadre de l’État bourgeois, au lieu d’organiser les assemblés et les comités propres à une démocratie de lutte contre le pouvoir bourgeois. Et il semble aujourd’hui que même les revendications un peu plus critiques à l’égard du capitalisme, concernant le chômage et le système bancaire, soient en passe d’être supprimées par les véritables responsables du mouvement, au nom du consensus et de l’apolitisme ambiant…

Bref, les rassemblements «des indignés», en s’enfermant dans l’apolitisme consensuel, en refusant de se lier aux organisations politiques de la classe ouvrière et, de manière générale, en tirant la lutte vers le bas, resteront comme un contre-exemple en matière de mobilisation politique. Cette expérience, et son échec programmé, a -au moins- le mérite de rappeler les bases incontournables pour qu’une lutte ou un mouvement puisse prendre de l’envergure et remporter des victoires : il est indispensable politiser et radicaliser les dynamiques de mobilisation !

 Il faut développer la conscience de classe et l’esprit révolutionnaire et il faut créer les outils d’action et de décision qui permettront d’établir un rapport de force face au pouvoir.

C’est seulement en se liant aux organisations ouvrières et salariés (politiques et syndicales), en développant ses moyens d’action (blocages, grèves, etc.) et en édifiant des organes de démocratie directe (assemblés générales, comités, etc.), que nous devenons une force collective digne de ce nom.

C’est seulement quand le peuple et ses organisations deviennent un embryon de pouvoir politique capable de penser et d’agir comme une opposition concurrente à l’État bourgeois, que la révolution ou les victoires partielles deviennent possibles.

Publié dans Combat n°21 Juin 2011

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