Droit de l’homme et presse inféodée :
Qui est Salah Hamouri ?
Ce nom ne vous dit peut-être rien. Né à Jérusalem d’une mère française (enseignante à Jérusalem) et d’un père palestinien (restaurateur)
Salah a été déclaré dès sa naissance au Consulat de France et possède un passeport français. Salah a grandi à Jérusalem-Est. Il n’a jamais pu se soumettre. Il n’a jamais su se taire. Comment se taire devant les expulsions que vivent tant de familles palestiniennes, devant la colonisation, devant la construction de murs, devant les lois répressives, devant les labyrinthes militaires qu’on appelle des check points ?
C’est d’ailleurs à un check point de l’armée israélienne qu’il est arrêté en mars 2008, sans qu’on lui en fasse connaître le motif. Salah était alors étudiant en sociologie et militait dans une association proche du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP).
Il sera détenu durant 3 ans avant d’être finalement jugé par un tribunal militaire (étant pourtant un civil). Ce tribunal le condamne pour appartenance au FPLP et pour avoir participé à un complot visant à tuer Ovadia Yossef, ancien Grand rabbin d’Israël et leader spirituel du parti ultra-orthodoxe Shass.
Salah Hamouri a nié tous les faits qui lui ont été reprochés et son avocate pointa l’absence de preuves lors du procès. De plus, la dernière accusation repose sur le seul fait qu’il avait été vu trois mois avant son arrestation en train de passer en voiture dans la rue où habitait Ovadia Yossef.
Sur les conseils de son avocate, il choisit finalement de plaider coupable lors de son procès pour n’écoper »que » de 7 ans de prison, au lieu des 14 ans qu’il encourait s’il continuait à clamer son innocence.
Il est important de rappeler que malgré les fouilles des services secrets israéliens à son domicile (celui de ses parents), aucun élément de preuve n’a jamais été trouvé.
Le constat (flagrant) que l’on peut faire, est le suivant : Salah Hamouri ne bénéficie pas du même traitement médiatique ni des mêmes moyens mis en œuvre pour sa libération que les autres ressortissants français retenus à l’étranger. La faute à qui ?
En effet, les gestes de soutien envers Salah ne manquent pas : manifestations, affiches, pétitions, démarches auprès du gouvernement se succèdent. C’est « plus haut » que le silence règne. Et c’est là qu’une comparaison s’impose.
Force est de constater que Salah Hamouri n’est, en tout cas, ni Ingrid Betancourt, ni Florence Cassez.
Ingrid Betancourt et Florence Cassez -entre autres- ont eu droit à d’importantes couvertures médiatiques et ont fait monter au créneau la plupart de nos représentants ainsi que le Président de la République lui-même. Récemment, l’affaire Florence Cassez est même allée au-delà du ridicule.
Nicolas Sarkozy, qui a reçu à 10 reprises les parents de la jeune femme, demanda son transfert en France et voulut lui dédier l’année de Mexique avant que le gouvernement du Mexique ne refuse sèchement et ne se retire des manifestations envisagées dans ce cadre.
Chacun y alla de sa petite phrase. Pour Fréderic Mitterrand « la France n’abandonne jamais ses ressortissants ». Eh bien, le ministre de la Culture se trompe. Le cas de Salah Hamouri est là pour nous le rappeler. Il semble que notre élite politico-médiatique ne daigne même pas faire de commentaires sur la détention de Salah qui dure maintenant depuis plus 6 ans.
Le constat est là. Pendant que les journaux d’information (ou de désinformation) nous matraquent avec les analyses exagérés des procès de Florence Cassez et de DSK, pas un mot sur celui de Salah Hamouri. Je rajouterais que le silence n’est rien d’autre qu’un mensonge par omission.
Dans une lettre qu’il a écrite depuis sa prison en juillet 2010 et que certains sites indépendants ont diffusés, il en appelle à la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » et réitère son soutien à « la résistance légitime de (son) peuple qui bénéficie de la solidarité des gens libres à travers le monde ».
Il paraît évident que le cancer du sionisme affecte aussi la France et ce sont les peuples qui en souffrent. Le combat de Salah, de sa famille et de tous ceux qui ne l’oublient pas est le combat de milliards d’autres. C’est la lutte de tous ceux qui se battent -non seulement pour un monde meilleur- mais aussi contre toute forme de colonisation, d’impérialisme et d’injustices. C’est le digne combat de ceux qui luttent tout simplement pour que la vérité éclate au grand jour, pour enfin briser les vitrines de la bourgeoisie bien-pensante.
Conclusion :
Encore une fois on s’interroge sur l’information et la liberté d’expression en général dans nos démocraties bourgeoises.
L’information qui nous parvient des médias dominants a toujours pour but de légitimer l’ordre social actuel. Le fait de nous survendre un événement, un scoop, une info et, a contrario, cacher ou faire le silence sur d’autres (en l’occurrence l’emprisonnement de Salah Hamouri) provient de différents intérêts plus ou moins camouflés : il y a tout d’abord l’intention de dénoncer (ou au moins faire semblant) le manque de justice et de démocratie dans des États dits « corrompus » (en oubliant de rajouter « par nos propres bourgeoisies »), comme on peut le voir par exemple avec le cas de Florence Cassez au Mexique; d’un autre côté, les affaires de violation des droits de l’Homme et de justice arbitraire aux États-Unis (avec le procès des »5 cubains » par exemple) et en Israël ne provoquent que de discrets commentaires. Les intérêts économiques entre puissances alliées passent avant la justice et les droits de l’Homme.
Pour finir, le contexte d’islamophobie installé par nos politiques et intensément propagé par les médias n’encourage pas à la diffusion des soutiens à Salah Hamouri.
Ils peuvent emprisonner un homme… mais pas ses idées.
Libérez Salah Hamouri !
MICKAEL