Berre :
Face à la fermeture de la raffinerie, la lutte se doit d’être dure et politique !
Le 27 septembre dernier, les travailleurs du site pétrochimique de Lyondellbasell, ont appris que 370 d’entre eux allaient perdre leur emploi en raison de la fermeture de la raffinerie.
Les capitalistes propriétaires du site, qui l’avaient racheté à Shell en 2008, nous expliquent que le reste du site sera préservé (structures pour les additifs, et le vapocraqueur), mais que la partie raffinerie n’était pas rentable. Pourtant, le groupe Lyondellbasell, qui a fait plus de 4 milliards de bénéfices en 2010 et 50 millions au premier trimestre de cette année grâce au seul site de Berre, ne peut pas se justifier sur la base de difficultés financières… Non, comme partout, il s’agit simplement d’optimiser toujours d’avantage les profits en restructurant et laissant -au passage- les travailleurs sur le carreau. Eh bien, ces derniers, n’admettent pas d’être les victimes de ce petit jeu sinistre et opposé à l’intérêt général ! Peuvent-ils compter sur une médiation de l’Etat ? Non, comme l’a rappelé le ministre de l’industrie Eric Besson, cet ex-socialiste, qui affirme que ce n’est pas le rôle de l’Etat d’obliger une entreprise à maintenir son activité quand elle décide l’arrêter.
Comme s’il s’agissait là du choix personnel d’un petit entrepreneur sans employé et sans rôle majeur pour la société !
Les choix de ce type d’entreprise concernent non seulement directement les centaines, les milliers voir les dizaines de milliers de travailleurs qui la composent, mais -encore- toute la société ! Cela devrait donc évidement relever du domaine public et politique ! Toute la bêtise et l’incohérence de la propriété privée des entreprises et, des politiciens chargés de la faire passer comme normale, est là !
Mais les travailleurs du site ne l’entendent pas de cette oreille. Depuis l’annonce, ils multiplient les actions de blocage, reconduisent quotidiennement en assemblées générales la grève et ils peuvent compter sur des solidarités extérieures, comme l’acheminement de nourriture de la part de salariés de la grande distribution.
Mais, comme toujours, en cas de licenciement, les travailleurs n’ont aucune générosité, ni solution à attendre des pouvoirs publics et d’un Etat entièrement à la solde du grand capital.
Ce dernier, en bon défenseur du capitalisme, n’envisagera, pour rien au monde, la solution la plus simple, la plus évidente et économiquement pertinente : la nationalisation du site de Berre. Les travailleurs, comme à chaque fois, ne pourront compter que sur eux-mêmes, pour arracher des victoires aussi partielles soient-elles.
Il faudra donc, bien-sûr user du pouvoir de « nuisance » qu’ils possèdent (grève, blocages, actions…) contre les capitalistes, mais également contre les pouvoirs publics, pour parvenir à obtenir, si ce n’est gain de cause, au moins des contreparties et des concessions.
Mais il ne faut pas s’arrêter là, il faut donner un caractère idéologique à la lutte, en la dirigeant dans le sens d’une expropriation des capitalistes, c’est-à-dire qu’il faut que les travailleurs démontrent -dans la pratique- leur ambition et leur capacité à s’approprier et à faire fonctionner eux-mêmes le site sur lequel ils travaillent.
La terre à celui qui la cultive disait-t-on pour les paysans, eh bien, nous disons les entreprises à ceux qui y travaillent !
Publié dans Combat n°23 Octobre 2011