Israël-Palestine : Un Etat palestinien indépendant ? Pas de paix sans socialisme !

Israël-Palestine :

Un Etat palestinien indépendant ?

Pas de paix sans socialisme !

 

A l’issue de la deuxième guerre mondiale (1947), les grandes puissances (États-Unis, Angleterre, France et Union Soviétique) obtiennent des Nations Unies le vote d’une résolution demandant la création d’un État juif dans les territoires de la Palestine (alors sous protectorat britannique) pour servir de refuge aux juifs échappés de la Shoah.

Très rapidement (1948) par la voix de Ben Gourion, Israël proclame son indépendance, affirme le caractère religieux de l’État et stipule que tous les juifs pourront s’y installer librement. Dès novembre 1947 et jusqu’en 1948, les Juifs de Palestine vont s’organiser et chasser de leurs terres et de leurs maisons plus de huit cent mille Arabes de Palestine (en majorité des paysans), les jetant sur les routes de l’exil. On estime actuellement à 4,8 millions le nombre de palestiniens refugiés. Plus de la moitié vivent en exil, hors de la Palestine.

Israël occupe actuellement plus des deux tiers du territoire de l’ancienne Palestine (21 946 km2, un territoire plus petit que celui de la Bretagne) dont presque l’ensemble des terres irriguées par le Jourdan, les seules cultivables…

La superficie de la Cisjordanie (occupée) est de 5800 km2 ; 2 500 000 palestiniens y résident entourés de colonies juives. La superficie de Gaza (seul territoire administré par les palestiniens) est de 360 km2 ; c’est un territoire formé de dunes de sable où s’entassent 1 200 000 palestiniens.

Tout récemment, au moment où Mahmoud Abbas s’apprêtait à présenter devant le Conseil de sécurité des Nations Unies une demande formelle de reconnaissance d’un Etat palestinien libre et indépendant, Israël multipliait les raids en territoire occupé, bombardait Gaza tuant plusieurs palestiniens, accélérait la construction de colonies et ouvrait le feu à Eilat (à la frontière avec l’Egypte) tuant six gardes frontaliers.

On pourrait y voir une relation de cause à effet. Et pourtant…

En fait, si le gouvernement israélien agit de la sorte, (fort du soutien des impérialismes occidentaux, il n’a pas à craindre de l’ONU une quelconque résolution de nature à stopper sa politique d’occupation) le but de ces manœuvres se situe ailleurs : provoquer une réponse violente de la part des secteurs palestiniens les plus extrémistes afin de détourner l’attention de son peuple des vrais problèmes, réactiver les extrémistes sionistes et ressouder l’ensemble de la population autour d’un Netanyahou de plus en plus contesté pour sa politique économique et sociale.

Face à cette politique du canon -et puisqu’il s’agissait de préserver les privilèges des donneurs d’ordres, de la minorité possédante- même les dirigeants du Parti Travailliste, (dans l’opposition) si prompts d’habitude à marquer leur pseudo « différence » quant à la question palestinienne, n’ont pas pipé mot.

Car depuis le mois d’août les mouvements de protestation contre la vie chère s’amplifient en Israël : près de 500 000 manifestants sont descendus le 3 septembre dans les rues des principales villes du pays pour dénoncer une politique qui enrichit une poignée de milliardaires -une dizaine au total- qui détient le monopole des banques, des réseaux téléphoniques, des raffineries, du ciment… Une politique sociale et économique qui rend la vie de plus en plus difficile à la majorité du peuple travailleur.

La gestion ultra libérale du gouvernement Israélien, est la même que dans tout Etat capitaliste : elle consiste à faire payer au peuple le coût de sa politique au service du grand capital. Le coût de sa politique d’occupation, de son armée, (13 milliards d’euros par an, plus de 6% de son produit national) celui de la colonisation (quinze pour cent du budget global pour le logement est consacré aux quelques milliers d’israéliens occupant les colonies en Cisjordanie).

Actuellement, plus de 20% de la population israélienne vit sous le seuil de pauvreté. L’Etat accélère son désengagement du secteur public et cette politique affecte -en Israël aussi- les secteurs de la santé, de l’éducation, des transports, de la protection sociale.

En attendant, captive dans son propre territoire et quels que soient les prétextes, la population palestinienne subit chaque jour l’agression de l’Etat israélien.

C’est une population à la merci de l’une des armées les plus puissantes de la région, à la merci d’un Etat qui -avec la complicité de toutes les puissances impérialistes de la planète- fait régner dans cette région du monde l’ordre capitaliste et le diktat de l’argent. Employée comme main d’œuvre par les entreprises israéliennes, elle subit aussi la dégradation de la situation économique et sociale dans l’Etat hébreu.

Voilà le contexte à l’heure où, toutes les âmes sensibles suivent -en retenant leur souffle- la demande présentée par l’Autorité Palestinienne devant l’ONU : Accordera-t-on ou n’accordera-t-on pas au peuple palestinien le droit à un Etat libre et indépendant ?

Mais, aussi légitime que soit cette aspiration du peuple palestinien, est-elle la seule alternative possible ? Et plus encore : même légitime, est-elle viable ? Doit-elle donc recevoir l’appui sans retenue et sans conditions de toute la « gauche bien-pensante» de la planète ?

Pour nous, communistes révolutionnaires, la « question nationale » a été -depuis le début, depuis les travaux de Lénine- l’objet de réflexions profondes, l’objet de débats sans concessions et qui -aujourd’hui encore- se poursuivent. Et cette question essentielle est loin d’être tranchée. Néanmoins, nous avons quelques pistes, quelques principes de base qui doivent nous permettre de nous positionner face à ce conflit qui dure depuis plus d’un demi-siècle.

Il est évident que cette aspiration du peuple palestinien à un Etat souverain est une aspiration légitime. Tout peuple qui subit une oppression politique, une occupation militaire, qui subit la négation de ses droits fondamentaux, -et c’est le cas du peuple palestinien- a le droit et le devoir de s’insurger pour retrouver ses capacités à l’auto-détermination.

Il ne s’agit pas ici -comme c’est le cas d’autres revendications indépendantistes ou séparatistes qui fleurissent un peu partout dans le monde- de défendre une quelconque « identité ou spécificité culturelle ».

Nous partons du principe selon lequel, toute lutte -où qu’elle ait lieu- qui tende à accroître l’espace des libertés démocratiques dans le sens des intérêts de classe des travailleurs, doit être notre lutte.

Le combat du peuple palestinien doit être notre lutte car c’est une lutte de libération nationale, c’est une lutte pour l’émancipation du joug d’un Etat aux ordres de l’impérialisme et -en tant que telle- elle est un coup porté à ces mêmes puissances impérialistes, à leur domination politique.

En même temps, elle ouvre -aussi- un champ favorable aux revendications de classe des travailleurs palestiniens à Gaza, en Cisjordanie, mais aussi en Israël, où ils représentent une part importante des salariés dont les entreprises israéliennes ne peuvent pas se passer.

Cependant, par les revendications qu’elle brandit, par l’idéologie et le caractère bourgeois ou religieux de ses dirigeants, cette lutte n’est pas porteuse de véritables solutions pour le peuple palestinien. La perspective socialiste n’est même pas évoquée et -sans cette perspective- les palestiniens resteront à la merci de leur propre bourgeoisie, de la bourgeoisie israélienne et du capital international. Et c’est sur cet aspect incontournable et essentiel que nous -en tant que révolutionnaires luttant pour une société communiste et sans classes au niveau planétaire- devons insister, devons être intransigeants.

Dans le contexte actuel où, Israël et ses alliés exercent sur la région leur hégémonie politique et militaire au service du capitalisme, la viabilité d’un Etat palestinien indépendant est illusoire. Manquant de toute ressource propre, avec une agriculture vivrière tributaire du fleuve Jourdan, son économie ne peut exister que sous perfusion, dépendante de l’aide financière des pays capitalistes.

D’autre part, partout dans le monde, les intérêts de classe des travailleurs sont les mêmes, partout dans le monde. La mondialisation est venue confirmer cette vérité essentielle. Partant de là, il est évident que les intérêts des travailleurs palestiniens se confondent avec ceux des travailleurs israéliens. Peuples israélien et palestinien subissent d’abord -et avant toute autre- la tyrannie du pouvoir de l’argent, celle de leurs bourgeoisies respectives. Au-delà des revendications d’autodétermination, le peuple palestinien -sa classe majoritaire, les travailleurs- a tout intérêt à fusionner ses luttes avec celles des travailleurs israéliens contre leurs ennemis communs : l’Etat bourgeois israélien et ses alliés impérialistes, seuls responsables des malheurs de ces deux populations.

Le peuple palestinien doit être conscient : il n’y aura pas de paix durable -ni même possible- tant que le capitalisme et l’appareil d’Etat qui le sert resteront le système à abattre, tant que leurs exploiteurs resteront en vie, tant que ceux qui s’enrichissent du fruit de leur labeur et exacerbent leurs souffrances continueront à dominer le monde !

A travers leur lutte, le peuple palestinien doit se fixer comme objectif final le renversement de l’Etat actuel et la construction d’un Etat socialiste et laïc aux commandes duquel se trouveront -main dans la main et agissant au sein de leurs organes de pouvoir communs- travailleurs israéliens et travailleurs palestiniens avec un même et seul but : la défense de leurs intérêts de classe.

Seulement dans ce cadre -de révolution socialiste, de construction de la société communiste- la paix deviendra une réalité palpable.

Ainsi -dans ce nouveau cadre- ils pourront défendre leur victoire sur la bourgeoisie qui les opprimait, sur le capitalisme qui les exploitait, sur l’impérialisme qui les entraînait dans une guerre qui n’était pas la leur ! Ainsi, à cette seule condition, ils rendront la paix non seulement durable -mais aussi- irréversible !

FERNANDO

Publié dans Combat n°23 Octobre 2011

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