La valse des hypocrites
A l’approche des élections les affaires s’enchaînent, chaque camp y va à fond pour faire chuter -sinon déstabiliser- l’autre, que ce soit « l’opposant » ou l’ennemi intime comme dans la guerre larvée Chirac-Sarkozy.
On retrouve toute la classe politique impliquée dans ces scandales. UMP et PS, cadors et hommes de l’ombre, hauts fonctionnaires et petites mains, tous ont mordu à l’appât du gain des petits ou grands avantages. Tous se sont corrompus pour financer leurs campagnes mais surtout leur train de vie. L’ampleur de la fraude, du vol et de l’impunité s’étalent devant nous jusqu’à l’écœurement. Aujourd’hui avec les affaires Bourgi, Bettencourt, Neyret et Karachi on ne parle plus simplement de vastes logements de fonction dans les beaux quartiers, de Noëls à Marrakech ou de boîtes de cigares, mais des rouages mêmes de l’institution de leur chère république « démocratique » française. Les acteurs de ces feuilletons sont les notables de notre société, on les retrouve dans les salons de la bourgeoisie tantôt à la tête des organisations politiques, tantôt dans les conseils d’administrations des plus grosses entreprises françaises.
Ils se disputent l’argent pour le pouvoir et le pouvoir pour l’argent. Patron et politique, flic ou voyou, peu importe le flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse. Au service de la bourgeoisie les pourboires se chiffrent en millions
L’argent est roi parce que la bourgeoisie est reine. L’Etat -outil de domination de d’une classe sur une autre- achète ses laquais en leur permettant de profiter de la manne publique au dépens de tous. Pour cinq ou sept ans au parlement nos élus perçoivent des salaires à vie, tandis que les travailleurs ont le droit -pour leurs retraites- à 50% de leur dernier salaire. Pendant qu’ils s’octroient des augmentations, ils votent la rigueur pour le peuple.
Alors tous pourris ? Eh bien oui ! Tant il leur plait de se pavaner dans le luxe, d’exhiber sans scrupules leurs dépenses somptuaires et inutiles alors que l’essentiel fait défaut à la majorité. Leur réussite c’est la Rolex à 50 ans, les robes Dior. Pour cela ils pillent les richesses de la nation, le produit du labeur quotidien des travailleurs. Combien de temps se laissera-t-on voler de la sorte ? Combien de temps engraisserons-nous ces porcs ?
Neyret le « superflic » abandonne ses beaux principes pour une ballade en Ferrari sur la Côte d’Azur au frais de ses camarades truands parce que, finalement, il a dans la tête la même chose que les bandits qu’il combattait, c’est-à-dire consommer le monde de la nuit et remplir le vide de son existence absurde et inutile. Pour cela, il est prêt à perdre tout honneur et respect et à se salir et salir ses proches.
L’affaire Bourgi du nom de cet avocat porteur de valises met en lumières la collusion de tous ces dirigeants français et africains pour livrer les richesses nationales aux appétits insatiables des multinationales des pays impérialistes. Ainsi Total, Bouygues, Areva, croquent le gâteau et ils peuvent en ramasser les miettes.
L’attentat de Karachi, l’affaire Bettencourt et tous les scandales qui en découlent, mouillent toute l’équipe au pouvoir. Les agissements des juges et des flics tout au long de ces affaires illustrent l’immixtion entre la police, la justice et les hommes politiques. Ce sont les intérêts de toute une carrière que ces fonctionnaires corrompus et politiciens ont en commun et défendent. Ainsi, même après avoir quitté le pouvoir, personne ne les inquiète. Chirac est relaxé, circulez y a rien à voir ! Le procès des Tiberi est repoussé à Pâques l’année prochaine grâce à cette nouvelle défense incroyable qui consiste à interroger la justice sur le sérieux de juger une affaire 15 ans après les faits. Tel est le droit des riches !
Aucun d’entre eux n’assainira le système comme aucun n’assainira le capitalisme. Chacun peut voir dans sa collectivité les magouilles éclater quelle que soit l’étiquette politique.
Tous pourris parce qu’ils sont tous le produit de ce système nauséabond. Les Mélenchon ou Le Pen peuvent nous raconter ce qu’ils veulent, ils sont les pièces du même jeu : ils ont juste enfilé un autre costume pour exister sur l’échiquier.
Tous corrompus car -indépendant de tout contrôle- l’argent les achète librement. La politique bourgeoise, comme l’entreprise capitaliste, n’est qu’un procédé ingénieux pour obtenir un profit individuel sans responsabilité individuel.
Pour changer cela il nous faudra bâtir un autre Etat, l’Etat prolétarien : celui amené par le peuple et pour le peuple avec nos représentants mandatés, révocables !
Publié dans Combat n°23 Octobre 2011