Syrie :
L’impérialisme américain démantèle le Moyen-Orient
La Syrie est en proie depuis la mi-mars à une puissante tentative de déstabilisation du pays par l’impérialisme américain et ses alliés.
Surfant sur la vague du « printemps arabe » qu’ils ont réussi à prendre in-extremis, américains et européens continuent à braquer leurs projecteurs sur les régimes qui ne leur sont pas intégralement soumis.
Ils ont dans le collimateur quelques régimes de la région qui ne sont pas franchement d’accord avec leur projet. L’occasion est trop belle pour se débarrasser d’eux. C’est le grand ménage dans les États arabes. Depuis la première guerre mondiale et la chute de l’immense empire Ottoman, le Moyen-Orient est le théâtre du jeu des puissances impérialistes s’opposant pour le contrôle des ressources naturelles et des axes commerciaux de la région. Après les puissances coloniales française et anglaise, ce sont les Etats-Unis qui dirigent le monde et dictent leur volonté aux peuples. Ils font et défont les Etats et les frontières selon leur intérêt.
La période ouverte par la décolonisation en Afrique et au Moyen-Orient est terminée. Les dangers et les incertitudes amenés par les luttes indépendantistes et les volontés émancipatrices des peuples sont passés. Il s’agit pour les capitalistes américains et européens de remettre de l’ordre dans tout cela. Avec la chute de l’URSS ils ont les coudées plus franches, et que de ravages depuis ! En Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et tout dernièrement en Libye, ce sont des millions de morts et des pays morcelés que laissent derrière eux les interventions américaines. C’est l’impérialisme en tant que mode de domination nécessaire de la bourgeoisie qui soumet les populations et organise le pillage du monde par les groupes multinationaux. Dans la foulée du renversement de Kadhafi et du démantèlement de l’Etat libyen se trouve la Syrie. On assiste au même processus de désinformation et d’ingérence.
Le prétexte démocratique est le même que pour la Libye, tous les médias servent le discours de manifestations pacifiques contre le régime réprimées dans le sang. Mais malgré les moyens de communication et les observateurs sur place, les images, les compte-rendu et les chiffres sont flous. Comme en Libye, l’armée affronte, non des manifestants, mais des bandes armées qui sévissent dans plusieurs campagnes alors que dans les principales villes la population est majoritairement favorable à Bachar el-Assad. Les insurgés n’ont pas encore de drapeau tant ils sont divisés et leurs motivations -variées- peuvent être politiques ou crapuleuses. Ces groupes sont financés par des puissances étrangères : Etats-Unis, Arabie Saoudite…
Comme en Libye, ce sont les minorités ethniques et religieuses qui sont prises pour cible par ces bandes que l’on tente de présenter comme de pacifiques contestataires. Dans certaines villes telles Hama et Homs, les exactions et les représailles des insurgés sont terribles : loi martiale, enlèvements, meurtres, attentats. Mais il existe également une vitrine politique, le Conseil National Syrien, (CNS) représentant des partis les plus libéraux et réactionnaires de l’opposition au régime.
Ainsi l’impérialisme, en cas d’élan populaire, tente par tous les moyens de le briser ou de le tourner à son avantage.
Tous les ingrédients ont été mis en place pour que l’on assiste au « scénario libyen ». On parle de déserteurs susceptibles de former une armée. On parle de mandat de l’ONU, d’intervention de l’OTAN, la Turquie se porte, d’ores et déjà, volontaire. Une intervention en Syrie n’apportera que bombardements, guerre civile ; le résultat est toujours le même pour la population. L’impérialisme porte en lui la guerre parce qu’il est prêt à tout pourvu que la nouvelle situation lui soit favorable. S’il lui faut martyriser la Syrie il le fera. Convaincre les citoyens du monde libre du bien-fondé de quelques bombardements « humanitaires » et autres interventions « chirurgicales » n’est pas un problème. La campagne de diabolisation peut prendre du temps mais elle finira par entrer dans les têtes. Si le niveau de liberté démocratique, de répression ou même le terrorisme étaient les raisons essentielles de cette ingérence, que penser du silence autour de l’Arabie Saoudite ? Ce pays où règnent ségrégation raciale, sexuelle, religieuse. Où les polices -politique et religieuse- sont les plus répressives. Des révoltes y ont aussi éclaté, de même qu’au Bahreïn, au Yémen… La propagande impérialiste se manifeste tous les jours dans les medias, (presse, tv, radio), par ses choix, ses méthodes, ses « experts ». Mais l’impérialisme agit de la même façon avec tous les peuples du monde. Il les maintient sous son talon. Nous ne sommes pas dupes des mécanismes impérialistes qui guident les interventions de l’OTAN au Moyen-Orient.
Publié dans Combat n°25 Janvier 2012