Quand la Suisse tombe dans les masochisme libéral…

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Quand la Suisse tombe dans le masochisme libéral…

 

Les travailleurs conscients du monde entier ont leur contre-exemple. Le peuple suisse a refusé à 67% par référendum la proposition initiée par le syndicat Travail Suisse d’augmenter de quatre à six semaines les congés payés.

Si les francophones et les italophones auraient pu se montrer favorables à l’idée d’avoir d’avantage de vacances, les germanophones ont été près de 80% à refuser le progrès commun, et ce pour le plus grand bonheur des organisations patronales.  Par ailleurs, les suisses ont majoritairement approuvé par voie référendaire une loi visant à durcir l’encadrement des manifestations, prévoyant notamment de faire passer de 8000 à 85000 euros l’amende prévu à l’encontre des organisateurs des rassemblements non-autorisés. Comment des travailleurs suisses subissant une durée légale de travail de 41 heures hebdomadaires (qui s’allonge souvent jusqu’à 50H ou plus) peuvent-ils en arriver à refuser un peu de repos et de temps libre ? Et comment expliquer l’effroyable envergure de ces points de vue à la fois réactionnaires et masochistes ? Il faut savoir que le niveau des salaires est particulièrement élevé en Suisse (souvent plus de deux fois supérieur à la France), même si le prix de la vie suisse (17% plus chers qu’en France) modère un peu ce décalage. Il y a donc une donnée objective qui tient à la situation économiquement privilégiée des salariés suisses. Mais celle-ci n’explique pas en soit le fait que des gens bénéficiant d’une certaine aisance matérielle puissent être réfractaires à l’idée d’avoir d’avantage de temps libre. Les hommes et les femmes ont de toute façon besoin de repos, et le salarié fusse-il bien payé a besoin de temps pour profiter de son argent. Non la vraie raison de ce point de vue masochiste est plutôt d’ordre idéologique. Une grande partie du peuple suisse est en réalité contaminé -à un degré inquiétant- par les idées de sa bourgeoisie et l’aisance salariale constitue le terreau fertile d’une telle soumission au point de vue de l’exploiteur.

En effet, la bourgeoisie suisse est parvenue, à force de matraquage idéologique, à faire croire au peuple,  qu’il avait tout intérêt à consentir des sacrifices pour préserver la «compétitivité» du pays et garder sa situation privilégiée. Et c’est d’ailleurs, parce que la domination idéologique de la bourgeoisie est solidement installée, que l’Etat suisse se permet de solliciter démocratiquement le peuple. C’est là une des lois tendancielles des Etats bourgeois que d’ajuster le degré de la démocratie en fonction du niveau de conscience de la population. Plus la soumission idéologique d’un peuple est forte et plus il est jugé apte à décider. A contrario, si un peuple -ou une classe sociale- élève son niveau de conscience et s’affranchit du point de vue des exploiteurs, l’Etat bourgeois limite les possibilités de décision populaire, jusqu’à adopter une forme politique dictatoriale, voire fasciste en cas de développement de la conscience communiste.

Mais revenons sur le masochisme libéral en Suisse, et établissons le parallèle avec la France. La bourgeoisie Suisse parvient notamment à convaincre son peuple en agitant le spectre des restes du «modèle social» français, responsable d’après elle de tous les maux en France. Eh bien force est de constater, que nos politiciens les plus libéraux tel que Bayrou, Sarkozy et même Hollande de façon moins explicite, mène une propagande tout à fait comparable, en sortant l’épouvantail grec afin de nous faire accepter l’austérité. Alors si le salariat en France garde quelques principes de classe, et quelques réflexes d’auto-défense idéologiques, nous sommes avertis ; notre vide politique c’est la bourgeoisie qui le comblera ! Et le meilleur moyen de nous en prémunir, en France, en Suisse ou ailleurs, c’est l’engagement pour la révolution communiste !

Publié dans Combat n°27 Mars/Avril 2012

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