L’individualisation du droit de grève
Pour casser le moyen de pression des salariés que constitue la grève, la société bourgeoise et ses médias tentent de nous faire avaler l’idée selon laquelle la grève constitue un « droit individuel ». Ainsi chacun aurait le droit de faire grève, ou bien d’aller travailler, selon son bon vouloir et devrait être respecté dans ses choix.
Voici un parfait exemple de l’idéologie bourgeoise, avec un individualisme érigé en valeur suprême ! Car en réalité le principe selon lequel l’individu pourrait faire ce qu’il veut, ne tient pas la route une seconde, et il entre en contradiction avec les autres principes sociaux, comme par exemple le principe démocratique selon lequel la décision de la majorité s’applique à tous. Voilà pourquoi la première des tâches pour les travailleurs en lutte et pour les syndicats ouvriers c’est de constituer une instance représentative, c’est-à-dire une assemblée générale. Et lorsque la grève est décidée, son principe s’applique à tous, et c’est la condition pour qu’elle puisse être victorieuse ! Voilà pourquoi la grève ne peut en aucune façon être considérée comme un droit individuel, c’est en réalité un droit collectif, mieux dans les faits c’est un devoir de classe !
Certains syndicalistes, dans certains secteurs professionnels, ont malheureusement oublié ou renoncé à ce principe fondamental de la lutte des classes. Ils ont en réalité capitulé devant l’idéologie mielleuse du « respect de l’autre » (du non-gréviste), et de la « liberté individuelle », et se sont éloigné des méthodes basiques consistant à construire un pouvoir collectif, et à constituer des piquets de grève destinés à botter le cul aux « jaunes ». C’est une des raisons qui explique l’échec et l’impuissance de bon nombre de mouvements grévistes. Car une grève qui autorise chacun à se rendre sur son lieu de travail est condamnée à l’échec. D’une manière générale tout affaiblissement de l’autoritarisme démocratique du prolétariat n’est rien d’autre qu’un renforcement de l’autoritarisme arbitraire du patronat. Ce principe, pour ceux qui prétendent appartenir au camp ouvrier, il n’est pas permis de l’oublier !
Publié dans Combat n°30 Hiver 2012/2013