L’arnaque du protectionnisme et du « produire français »

L’arnaque du protectionnisme et du « produire français »

 

Du « protectionnisme européen » de Mélenchon  jusqu’au « achetons français » de Le Pen, en passant par les « produire français » de Bayrou et Sarkozy, ou encore par le « patriotisme industriel » de François Hollande, c’est pratiquement toute la classe politique qui surfe sur les idées réactionnaires à la mode du protectionnisme.

Tous ces politiciens démagogues, sont pourtant tous des libéraux convaincus : Sarkozy et Bayrou sont des libéraux assumés, Hollande et Mélenchon sont des libéraux de fait (le premier était premier secrétaire du PS sous l’ère du gouvernement Jospin, le second en fut ministre de l’enseignement supérieur), quant à Marine Le Pen, il semble bon de rappeler que derrière sa démagogie pré-électorale récente, le Front National est -depuis des décennies- partisan d’un Etat réduit à ses tâches régaliennes (police, justice, armée) et encourageant le libéralisme le plus sauvage. 

A quelques mois des élections présidentielles,  nous voyons donc tout ce petit monde vanter le protectionnisme ou, du moins, des formes de patriotisme économique. Voyons donc un peu de quoi il retourne.

Pourquoi la démagogie protectionniste fonctionne-t-elle ?

Le peuple, dans sa large majorité, subit et conteste les conséquences de l’évolution de l’économie capitaliste (par nature libérale), qui engendre -par exemple- des délocalisations et une désindustrialisation du pays. C’est à partir de ce constat, que les principaux candidats aux présidentielles ont ajusté leurs mots d’ordre et leurs discours. L’enjeu est simple : continuer à nous vendre leur infecte  soupe capitaliste en nous promettant que -si elle est  « faite maison » (ou « made in France »)- elle sera meilleure.  Mais en réalité, l’UMP, Le PS, et les autres, eux qui à chaque fois ont été les acteurs ou les complices au service de la dictature des grands capitalistes, n’ont aucune intention d’entraver sérieusement les échanges capitalistes à l’aide de mesures protectionnistes (en augmentant les taxes douanières sur les produits importés, par exemple). Non, au mieux inventeront ils un « label France » pour arnaquer un peu plus le consommateur, comme avec le marché « bio » (plus cher). Mais les politiciens bourgeois, en bons exécutants politiques des souhaits des grandes multinationales capitalistes, sont prisonniers du fait suivant : l’économie de marché a besoin du maximum de liberté, dans l’échange comme dans l’investissement.

Pourquoi le protectionnisme est réactionnaire et antisociale ?

Le protectionnisme est une politique économique visant à favoriser la production capitaliste « nationale », à l’aide de mesures (normes, taxes, etc.) à l’encontre des productions importées de l’étranger. Il peut aussi être « offensif », en encourageant les exportations. Le premier constat est que le protectionnisme -en tout cas dans sa forme poussée- est anachronique, c’est-à-dire qu’il est en décalage complet avec le fait que l’économie capitaliste ait largement dépassé les limites des cadres nationaux. 

Les grands capitalistes n’ont pas de patrie : ils peuvent être français et produire à l’autre bout du monde si tel est leur intérêt, tout comme ils peuvent être étrangers et s’implanter  en France (et les mesures de casse sociale et les bas salaires sont justement là pour l’y encourager).

Mais admettons. Quelles  seraient les conséquences d’une politique protectionniste ?

Premièrement, les mesures protectionnistes provoqueraient une baisse relative des salaires, une baisse du pouvoir d’achat (augmentation des prix des produits importés). Deuxièmement, la limitation inévitable des  échanges consécutives au protectionnisme des Etats (car le protectionnisme des uns implique celui des autres), engendrerait une baisse de la production et une récession avec tout ce qu’elle implique comme conséquence sociale. Troisièmement, le protectionnisme  aggraverait l’inégalité entre les nations et les régions du monde. Enfin, les politiques protectionnistes déboucheraient sur un durcissement de la concurrence internationale et multiplieraient les risques de conflits armés. Toutes ces conséquences mériteraient d’être développées, mais l’idée générale est la suivante : le capitalisme soumis aux différentes exigences nationalistes ne s’assagit pas, mais au contraire, s’adapte et se déchaîne de la plus terrible des manières.

3) Le capitalisme ne s’enferme pas, il se dépasse !

La roue de l’histoire ne doit pas et ne peut pas tourner à l’envers.  Le capitalisme n’a pas pour destin de revenir en arrière et de se recroqueviller dans les limites nationales, il doit se faire dépasser par une organisation économique supérieure capable de satisfaire les besoins des populations à l’échelle internationale. Le capitalisme a eu un rôle dans l’histoire. Il a multiplié les échanges à travers le monde, et a permis -en s’appropriant sauvagement les ressources naturelles- un développement rapide de la production avec des avancées incontestables pour l’humanité. Mais cette dernière, et les sociétés conscientes, doivent encore gagner la maîtrise de leur destinée en s’appropriant le système économique.

C’est l’enjeu de la révolution socialiste. Tout comme la bourgeoisie en son temps, le salariat doit conquérir révolutionnairement le pouvoir, et réorganiser l’appareil de production sur des bases nouvelles.

La propriété privée doit devenir propriété sociale, et l’humanité doit pouvoir planifier et coopérer en toute intelligence, pour répondre aux nécessités sociales et environnementales. Alors que le protectionnisme n’est qu’une arnaque idéologique pour prolonger l’ère d’un système économique vieillissant et peinant à masquer des aberrations criantes, le doute n’est pas permis : le communisme c’est l’avenir !

Publié dans Combat n°25 Janvier 2012

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