Roumanie :
Vive la grève des ouvriers de Renault-Dacia !
En mars et Avril dernier les ouvriers de l’usine Dacia-Renault se mobilisaient pour mener une grève épique qui allait rassembler la majorité des 13 000 salariés du site pendant 3 semaines.
Les revendications portaient essentiellement sur les augmentations de salaires. Avec un salaire moyen de 285 euros mensuel, les ouvriers de Dacia – Renault, comme la plupart des travailleurs roumain, n’arrivaient plus à joindre les deux bouts. Le prix de la vie, avec des denrées alimentaires parfois plus chers qu’en France ayant, en effet, considérablement augmenté en Roumanie ces dernières années. Les industriels, eux, se frottaient les mains, ceux du secteur automobile en particulier. Renault ne s’y était pas trompé en 1999 en rachetant l’usine Dacia et en trouvant en Roumanie une main d’œuvre à la fois qualifiée et sous-payée avec en bonus tout l’appui d’un gouvernement ayant pour habitude de déclarer les grèves illégales. [Renault affiche d’ailleurs des résultats en hausse cette année, dopé par le succès de la Logan les ventes ont progressés de 14,8% et l’entreprise affiche une croissance annuelle en hausse de 10%, avec un profit supérieur à 300 millions d’euro chez Dacia pour les 2 premiers mois de 2008. Ce qui permet au groupe de soigner ses actionnaires avec 22 % d’augmentation des dividendes par rapport à l’année dernière.]
Cependant, le petit bonheur de nos capitalistes connaissent une limite ; la lutte des classes ! Malgré plusieurs débrayages annonçant le conflit la direction de l’usines avait dans un premier temps décidée de camper sur ses positions ; « On s’attendait à des revendications salariales mais nos employés exigent une hausse de 60 %, aucune usine au monde ne peut augmenter les revenus du jour au lendemain dans de telle proportion » » Irréaliste ! » La spirale gréviste devait ainsi commencer atteignant jusqu’à 80 % des salariés. La direction affolée allait ainsi faire appel à l’Etat pour déclarer cette grève illégale. Mais cette fois l’Etat décida de laisser Renault se débrouiller. Vint alors la politique des petits pas ;
Les représentants de la direction discutèrent ainsi pratiquement avec chaque gréviste pour les convaincre de reprendre le travail. Mais, ces derniers résistèrent, conscient que l’union fait la force. Puis arriva le temps des menaces ; la direction évoquait alors la possibilité de délocaliser la production en Russie, en Indes et au Maroc. Mais les salariés ne se furent là encore pas fait duper par ce bluff. Et au final, après une ultime démonstration de force des ouvriers, La direction fut contrainte de plier et un accord fut signé.
Les salariés de Dacia-Renault, grâce à leur courage et à leur détermination, ont finalement obtenu une augmentation de 133 euros mensuel, accompagné d’une prime de 330 euros annuel. Ce qui représente, certes, un petit moins que les 60% initialement exigé, mais qui signifie avant tout une victoire exemplaire. Les travailleurs de Dacia-Renault ont montré la voie a suivre, que le prolétariat Roumain suive leur exemple !
NEYA
Publié dans Combat n°2 Juillet/Aout 2008