40 ans après Mai 68
40 ans après, le mouvement initié par les étudiants et massivement suivi par plusieurs millions de travailleurs en grève, reste profondément ancré dans les esprits du peuple de France.
Mais que retenir de ce mouvement ? A quoi correspond mai 68 ? Eh bien mai 68 en France et ses équivalences internationales doivent être considérées sous une double approche économico-culturelle, et historico-sociale. Le célèbre mouvement français marque en effet, une rupture culturelle déterminée par le développement rapide du capitalisme (période avec taux de croissance de 5 à 8%), qui se manifeste par une brutale montée gréviste et contestataire, qui liée à la période de guerre froide, a bien failli se solder par une situation pré-révolutionnaire. A la lumière de ces considérations combinées, nous saisissons mieux le caractère contradictoire du mouvement ; Ce dernier, en même temps qu’il correspondait au dépassement « démocratique » et culturel d’une vieille France encore marquée par son passé post-monarchique, constituait aussi, en quelque sorte, un des ultimes soubresauts de la montée révolutionnaire socialiste d’après-guerre. Pour faire simple, le mouvement de 68 correspond aux « progrès » de la société bourgeoise arrivée aux portes de la maturité, tout en restant très imprégné de l’esprit révolutionnaire hérité des premières tentatives communistes pour en finir avec le capital…
En conclusion ; Si le mouvement de mai 68 pouvait difficilement se solder par une révolution sociale victorieuse (Notamment à cause de l’attentisme d’un PCF subordonné au conservatisme bureaucratique soviétique), et si il concorde historiquement avec la propulsion de certaines valeurs libertaires et individualistes (bien vite perverties et réduites à la consommation par le système), nous ne négligeons pas l’immense apport contestataire et subversif d’un mouvement encore inégalé depuis 40 ans…Cependant, soyons bien conscient et faisons en sorte que le « 68 » de demain , aura pour tâche de faire correspondre les conditions objectives et subjectives pour notre victoire. Et le jour, où le capitalisme finissant se heurtera à un salariat organisé révolutionnairement, il n’y aura pas seulement une révolution culturelle, mais bien une révolution sociale, économique et politique, une véritable révolution socialiste !
ELIAS
Publié dans Combat n°1 Mai/Juin 2008