De l’Etat du capital
à l’Etat révolutionnaire…
1) Qu’est-ce que l’Etat ?
La question de l’Etat, est d’une importance primordiale. Comprendre ce qu’est l’Etat, c’est déjà s’armer pour décrypter les manœuvres et les injustices orchestrées par nos dirigeants et nos institutions. Le co-fondateur du socialisme scientifique, Engels, parlait de l’Etat bourgeois comme « d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit (entre les classes), le maintenir dans les limites de l’ordre. » et « d’une force publique armée nécessaire, depuis le scission en classes de la société, pour mater et réprimer la classe opprimée ». Autrement dit, l’Etat n’est fondamentalement pas autre chose, que l’appareil qui assure la domination d’une classe sur une autre, bien qu’il se présente mensongèrement comme impartiale…..
Ne nous étonnons donc pas de constater à quel point nos dirigeants politiques (ceux de gauche inclus) restent invariablement aux petits soins de la haute bourgeoisie (libéralisation, cadeaux fiscaux, financement du patronat avec nos impôts…) , et, ne soyons pas surpris non plus, par exemple, de constater la répression acharnée qui s’abat sur les manifestations ou les grèves qui osent dépasser le stricte cadre « légale » qui leur est accordées !….
2) La destruction révolutionnaire de l’Etat bourgeois.
Bien qu’un très grand nombre d’organisations se réclamant frauduleusement du Marxisme ai complètement renoncé aux aspects fondamentaux et subversifs de la doctrine, Marx considérait clairement que la classe salariée « ne peut pas prendre la machine d’Etat toute prête et la faire fonctionner pour son propre compte » et qu’il serai nécessaire de « briser l’appareil administratif et militaire ». Pour Marx, tout comme pour Lénine, la tâche du peuple salarié organisé à l’égard de cet « engin de guerre national du capital contre le travail (Marx) » qu’est l’Etat, n’est rien de moins que la préparation d’une insurrection populaire armée en vue de « briser l’appareil » et de « renverser la bourgeoisie ». l’histoire du 20eme siècle, ou toutes les révolutions socialistes sont passées par l’épreuve armée insurrectionnelle ou l’intervention militaire( l’Europe de l’est), a bien sûr confirmé entièrement les analyses de Marx et Lénine : L’Etat du capital qu’il se présente comme « démocratique » ou non, n’a pas d’autre vocation que celle d’assurer l’exploitation du peuple travailleur, qui en retour n’a pas d’autre solution pour son émancipation que la révolution… Nous avons défini l’Etat bourgeois comme un appareil d’oppression de la classe bourgeoise sur le peuple salarié, et nous avons clarifié les tâches de la révolution à son égard. Il nous reste a répondre a cette question : Quelle sera la nature et la forme privilégiée de notre pouvoir révolutionnaire ?….
3) L’Etat révolutionnaire vers la société sans classe ni Etat (le communisme).
Le peuple salarié une fois parvenu à « briser » l’Etat ennemi, à renverser la classe ennemie, et ainsi à conquérir révolutionnairement le pouvoir peut-elle d’emblée se passer de pouvoir d’Etat ? Eh bien n’en déplaise a nos camarades libertaires, mais le pouvoir révolutionnaire, la « dictature du prolétariat » comme l’appelait Marx, reste un Etat mais un Etat de transition socialiste, définissable par ses fonctions expropriatrices et socialisatrices. Car si la survie de notre pouvoir révolutionnaire implique nécessairement des institutions organiquement liées aux masses et un niveau de souveraineté populaire incomparablement plus élevé que toute « démocratie bourgeoise » (ce pouvoir s’appuyant nécessairement sur les conseils, les « soviets », ou autres assemblés populaires), la survie de notre pouvoir, implique également et impérativement encore un appareil d’administration et de coercition, et ce pour plusieurs raisons :
Premièrement, nous aurons encore besoin d’un Etat, en raison du fait que la classe bourgeoise renversée dans un territoire donné n’aura pas pour autant dit son dernier mot. Elle existera toujours, se reconstituera, et en plus d’avoir de nombreux soutiens intérieurs, elle bénéficiera de tous l’appui, y compris militaire, de la bourgeoisie internationale et des Etats à sa botte.
Deuxièmement, il nous faudra toujours un Etat car le peuple salarié héritera de la société capitaliste, de ses normes sociales et culturelles, de ses habitudes, de ses inégalités et de son organisation économique, et qu’il faudra un certain temps de transition socialiste, avec toutes les mesures administratives, économiques et même cœrcitives, que cela implique pour créer les conditions d’une société sans classes.
Enfin, nous sommes des internationalistes, et il ne s’agit donc pas pour nous de penser pouvoir créer un petit « paradis communiste » sans Etat dans un endroit isolé du monde. Aussi vrai qu’il serai impensable pour l’impérialisme de tolérer pacifiquement une terre communiste, il sera toujours impensable pour nous d’abandonner nos frères du peuple à la misère et à l’exploitation capitaliste. Nous aurons donc, tant que la révolution mondiale n’aura pas triomphé, encore besoin de capacités militaires et étatiques, tantôt pour nous défendre, tantôt pour appuyer nos camarades…
Et c’est seulement une fois débarrassé des classes, que l’humanité émancipée, découvrira dans le crépuscule des Etats, la véritable liberté.
ELIAS
Publié dans Combat n°1 Mai/Juin 2008