La puissance est entre nos mains,
le monde de demain nous appartient !
A) Le capitalisme à l’épreuve de l’histoire
1) Vers la fin d’un règne ?
Le système capitaliste est arrivé à un stade de son évolution où les monopoles internationaux et le capital financier s’entendent pour dominer la planète.
Mais derrière l’interdépendance croissante des capitaux qui soudent une bonne partie des États bourgeois entre eux, se cachent des contradictions profondes. La saturation progressive des marchés et la pression exercée sur la demande solvable dessine en effet les limites du développement capitaliste et donc la possibilité pour l’humanité de passer à un mode de production supérieur, planifié par et pour elle, avec une gestion rationnalisée des ressources naturelles.
Autrement dit, du point de vue de l’histoire économique, la propriété privée et les lois du marché tendent à perdre toute leur utilité en terme de développement et ne deviennent plus rien d’autre qu’un système artificiellement maintenu par la classe capitaliste qui en profite, au prix d’innombrables aberrations sociales, humaines et environnementales. Le seuil d’épuisement des ressources naturelles approche et les grands banquiers internationaux se sont alliés aux principales superstructures étatiques pour mettre en place un mécanisme infernal visant à assurer la survie du système, en repoussant ses limites à l’aide de prêts et de dettes à taux usuraires. Tous les stratagèmes et tous les sacrifices sont bons pour que les grands capitalistes s’assurent des profits satisfaisants pour quelques temps encore.
Cependant, il parait difficilement concevable que la bourgeoisie puisse continuer à assurer sa domination de façon pacifique. Les peuples salariés ne supporteront pas éternellement d’être sacrifiés au nom de la rentabilité et encore moins au nom de dettes volontairement contractées par les Etats bourgeois auprès des banques privées et dans l’intérêt exclusif de celles-ci (les intérêts récoltés sont réels).
L’impasse sociale contre laquelle le capital se heurtera apparait d’autant plus sérieuse quand on sait que les difficultés d’un État à rembourser sa dette, c’est-à-dire à faire consentir des sacrifices au peuple, sont mécaniquement sanctionnées par le marché par des prêts à taux exponentiels.
Un mouvement déterminé de luttes salariées à l’échelle d’une ou plusieurs grandes nations est donc en capacité de fissurer les fondations du système beaucoup plus facilement qu’on ne le pense. Concrètement, plus le salariat se lève et plus il refuse de payer pour les banques, moins les États sont jugés aptes à rembourser leurs dettes. Ce qui impliquerait automatiquement une hausse dramatique des taux d’intérêts, ruinerait la société et engendrerait en retour une spirale mobilisatrice permettant tous les espoirs.
Le prolétariat n’est plus comme autrefois une petite classe sociale concentrée dans quelques zones industrielles. Il est devenu au cours du siècle dernier quasi-hégémonique dans les pays avancés (90 % des actifs occupés en France), il est même devenu ces dernières années la première classe sociale au niveau mondial devant la petite bourgeoisie (artisans, commerçants et paysans).
Le prolétariat est la communauté de ceux qui doivent vendre leur force de travail pour vivre (la masse salariée), et qui par conséquent ont les meilleurs raisons de vouloir en finir avec la propriété privée dans la production. Il se compose d’ouvriers agricoles et de salariés attenants au domaine de l’extraction des matières premières (secteur primaire), des ouvriers d’usine et du bâtiment (secondaire), et des travailleurs du secteur tertiaire, dans les services (éboueurs, employés de bureau, etc.) et dans la distribution (caissières, manutentionnaires, etc.). C’est donc une super-classe populaire, concentrant toutes les compétences et tous les niveaux de qualification, qui risque d’exploser à la face du capital !
De nombreux indicateurs montrent ainsi que le capitalisme semble être arrivé au crépuscule de son histoire. Mais nous ne sommes pas des prédicateurs et nul ne peut sérieusement spéculer sur la durée de vie du mode de production capitaliste.
Car il ne suffit pas que l’histoire tende à réunir certaines conditions objectives, en plongeant les travailleurs dans la misère matérielle, pour que la révolution soit. Cette dernière dépend au moins tout autant des conditions subjectives, c’est-à-dire de l’organisation et de la volonté des hommes, de leur niveau de conscience politique, etc. Si nous pensons que les effets concrets sur le peuple du processus économique actuellement en cours préfigurent à un durcissement de la lutte des classes et à une nouvelle période de développement du mouvement révolutionnaire, nous savons aussi que les choses ne se font pas toujours mécaniquement. Le vieux prolétariat -quand il ne subit pas l’influence de dirigeants ralliés à la bourgeoisie- est encore loin d’avoir digéré ses premières défaites et les nouvelles masses prolétariennes sont maintenues dans un état d’arriération politique des plus préoccupants.
La vieille garde ouvrière démoralisée et trompée est incapable d’assurer le passage de relais aux jeunes générations salariées. Ces dernières n’ont en général aucune conscience de leur histoire de classe, ni même souvent de leur existence de classe, elles subissent désarmées l’exploitation, l’idéologie dominante et le mode de vie individualisé du système. La force et la supériorité du prolétariat n’est donc, à ce jour, qu’une potentialité dormante, que nous devons contribuer à réveiller politiquement.
2) L’histoire fait sens
Et l’histoire ne s’arrête pas. Les traditions révolutionnaires du prolétariat et son héritage de classe ne sont pas morts, mais dans une phase de reflux léthargique. Le prolétariat, ses luttes, ses prises de pouvoirs et ses premières expériences de transformation socialiste constituent une réalité historique ineffaçable, permettant de donner tout son sens au vingtième siècle. Et un siècle de vérité historique ne passera pas aux oubliettes selon le bon vouloir de quelques savants bourgeois !
Car l’interprétation assénée par nos élites selon laquelle, le mouvement communiste et les expériences socialistes ne sont en quelques sorte qu’un « accident » de parcours du capitalisme ayant permis à des dictatures « d’un autre âge », et à des formes de « totalitarisme » de s’installer n’a aucun sens. Les intellectuels bourgeois et les capitalistes ne croient pas eux-mêmes à cette lecture de l’histoire qui n’est en réalité qu’une évidente posture propagandiste visant à masquer le caractère révolutionnaire et résolument moderne du projet communiste. Bien évidemment, pour la bourgeoisie, le fait de mettre en avant l’importance et la signification historique des premières tentatives de dépassement du capitalisme, ce ne serait rien de moins qu’un aveu de faiblesse et un encouragement au prolétariat.
En vérité, toutes les analyses un tant soit peu sérieuses et intègres de l’histoire contemporaine convergent vers l’interprétation marxiste. À savoir que le jeune prolétariat du vingtième siècle a tenté un coup de force historique. Comme l’illustre l’exemple de la révolution russe, le prolétariat -classe sociale minoritaire à l’époque mais bénéficiant d’une avant-garde très avancée politiquement- a renversé une bourgeoisie fragile et inexpérimentée avant même que celle-ci puisse consolider son pouvoir d’Etat. Ainsi en Russie et dans de nombreux pays par la suite (Chine, Cuba, etc.) le prolétariat a doublé la bourgeoisie sur son propre terrain, parvenant à s’acquitter -un temps mieux qu’elle- de ses propres tâches historiques (développement d’une économie moderne, réformes agraires, luttes d’indépendances nationales, etc.)
Les Etats ouvriers du vingtième siècle ont ainsi pu démontrer la possibilité de développer des sociétés modernes sur la base d’une économie non plus capitaliste, mais de transition socialiste c’est-à-dire fondée sur la propriété socialisée ; une économie planifiée consciemment offrant une liberté collective nouvelle pour l’humanité.
Cependant le jeune prolétariat expérimentant l’exercice du pouvoir était loin d’en avoir terminé avec la bourgeoisie. Celle-ci, toujours au pouvoir dans la majeure partie du monde et surtout dans les régions les plus avancées économiquement de la planète (Europe occidentale, États-Unis d’Amérique, Japon, etc.) avait encore de beaux jours devant elle. La vitalité du mode de production capitaliste a permis, dans la période d’après-guerre, un développement extraordinaire de la société bourgeoise, sur les plans économiques, sociaux, sociétaux et culturels. La bourgeoisie mondiale -et ses principaux États- était portée vers son apogée.
Pour résister et faire face à l’impérialisme agressif et conquérant, le monde socialiste dut adapter ses formes politiques, laisser de coté certains aspects démocratiques et sociétaux pour développer et consolider des États bureaucratisés et militarisés. La classe salariée au pouvoir s’est retrouvée face à une classe bourgeoise ascendante, dynamique, plus forte et plus expérimentée qu’elle, et jugeant sa victoire internationale temporairement compromise, s’est concentrée sur des objectifs d’urgences minimums : rattraper son retard en terme de développement économique et assurer ses capacités de résistance militaire. Sur ce terreau contextuel les bureaucraties socialistes ne pouvaient que s’enfoncer dans un conservatisme politique croissant, puis finir par ouvrir les portes à la réaction, aux contre-révolutions des années 80/90 et à la restauration du capitalisme (violente ou plus progressive selon les pays) dans les anciens pays socialistes.
Mais comment interpréter à l’échelle de l’histoire l’expérience et l’échec du prolétariat à la fin du 20ème siècle ? Beaucoup et même parmi ceux qui témoignent d’une sincère sympathie pour l’idéal communiste et la cause des salariés concluent de cette histoire «qu’on avait bien vu que ça ne pouvait pas marcher ». En réalité, en s’en tenant aux faits nous avons vu au contraire que « ça pouvait marcher », mais que malgré tout en effet « ça avait échoué ». Pouvons-nous dire que cet échec résulte fondamentalement d’une tentative de dépassement prématurée du capitalisme ? Sans nul doute oui. Mais devons-nous pour autant penser que le prolétariat a eu tort de saisir des opportunités historiques de renversement ? Sans nul doute non.
L’expérience du prolétariat au pouvoir, ses démonstrations comme ses erreurs, est précieuse. Songez que sans cette première vague d’expériences, nous n’aurions même pas de faits sur lesquels s’appuyer pour défendre une alternative crédible au capitalisme. Certains pensent pourtant, en s’en tenant à une vision platement moraliste, qu’il aurait mieux fallu que le prolétariat ne tente rien puisque les « affreux » régimes ouvriers, résumés comme « staliniens » ou « totalitaires » par la bourgeoisie, agissent comme de véritables repoussoirs aux yeux du peuple et détournent ainsi ce dernier de l’idéal communiste. Rien n’est plus faux !
Car la bourgeoisie, avant même qu’aucune expérience ne soit tentée, décrivait avec efficacité les communistes comme des fous désirant la « collectivisation des femmes », voire comme « des mangeurs d’enfants ». Dans les années vingt, ils étaient des « judéo-bolcheviques assoiffés du sang des innocents ». Bref, quelle que soit la réalité, la bourgeoisie sait matraquer sa propagande et diaboliser efficacement ce qui la gêne.
Les régimes socialistes du vingtième siècle ne peuvent pas se résumer à leurs tares et leurs défauts. Ils ont permis d’innombrables avancées sociales, ils ont représenté le progrès pendant des décennies, et donné la possibilité à des centaines de millions de gens de vivre décemment dans des sociétés plus égalitaires et débarrassées de nombreux maux propre à la société capitaliste (misère, chômage, angoisse de l’avenir, insécurité, délinquance, etc.). Ce n’est pas, à ce propos, par hasard qu’une large majorité des populations qui ont vécu sous le socialisme reste profondément nostalgique de la vie socialiste.
Car il ne fait aucun doute que même si les sociétés socialistes avaient été « parfaites », qu’elles avaient par exemple assuré une démocratie ouvrière et soviétique réelle et qu’elles avaient optimisé l’espace des libertés individuelles, il ne fait aucun doute disions-nous, qu’elles auraient de toute façon dû supporter des démonstrations visant à les diaboliser et à en faire d’une manière ou d’une autre des épouvantails. Donc non, le néant historique ne vaut pas mieux que l’expérience concrète et le prolétariat déguisé en petite vierge effarouchée ne vaut pas mieux que l’image d’un Staline ou d’un Mao ! N’en déplaise aux petits-bourgeois moralistes qui polluent les organisations d’extrême-gauche et qui préfèrent jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est en assumant l’histoire de notre classe que nous cheminerons vers la révolution !
B) La misère contestataire
1) La récupération du mouvement ouvrier
Comprendre l’histoire du mouvement ouvrier c’est comprendre sa lutte incessante pour s’affranchir des idées, des institutions et des groupes d’influences de la bourgeoisie. Une des plus grandes forces de cette dernière est d’être parvenu à constituer un formidable appareillage de corruption et de récupération face auquel les élites du prolétariat, individus et groupements, n’ont souvent pas su résister.
Les partis de la seconde internationale se sont fait progressivement aveugler et corrompre par les institutions démocratiques insidieusement développées par une bourgeoisie désireuse d’assoir son pouvoir. Dès l’approche de la première guerre mondiale, ces partis, ancêtres des partis socialistes actuels, se sont définitivement rangés au service des Etats bourgeois, en votant les crédits de guerre à l’approche de la boucherie nationaliste de la première guerre mondiale.
A cette période, les incorruptibles du marxisme, puis tous les partisans de la révolution communiste russe d’octobre 1917, ont scissionné pour fonder la troisième internationale. Celle-ci, élaborée autour de principes clairs et résolument révolutionnaires, fut dans les années vingt, un formidable pôle international de subversion regroupant les ouvriers les plus avancés politiquement de la planète. La résistance héroïque du prolétariat russe au pouvoir pendant plusieurs années d’une guerre civile fomentée et appuyée par les Etats impérialistes (1918-1921) et l’influence théorico-pratique de personnalités tel que Lénine, ont ainsi constitué une période fondatrice pour le mouvement ouvrier révolutionnaire jusqu’à aujourd’hui.
Cependant les partis communistes héritiers de la troisième internationale ont à leur tour été pernicieusement et graduellement absorbés par les institutions bourgeoises dès la deuxième moitié des années trente, pour devenir des appareils de type social-démocrate. Ces derniers, dorénavant capables de désarmer les résistants communistes à la sortie de la deuxième guerre mondiale ou encore de « remettre les ouvriers au travail » pour clôturer la grève de 68, ont évolué pour devenir à leur tour, dès l’écroulement du bloc soviétique, des appareils politiques entièrement et définitivement ralliés à la bourgeoisie.
Les PC actuels n’ont donc plus aucune réticence de principe à participer aux gouvernements des Etats bourgeois, y compris quand ceux-ci s’inscrivent dans une démarche fondamentalement libérale (gouvernement Jospin en France). Ils sont non seulement devenus inoffensifs pour l’ordre bourgeois, mais mieux encore, leurs liens avec la classe salariée et avec les syndicats leur donnent une place de toute première importance en tant que serviteurs complices du capital.
Le politiquement très hétérogène mouvement trotskyste a également fait le plus souvent les frais de la machinerie corruptrice de la bourgeoisie. Le trotskysme « lambertiste », rassemblé sous la bannière du parti des travailleurs, renommé POI (parti ouvrier international), collabore depuis des décennies, à travers les loges franc-maçonnes notamment, avec les représentants politiques de la bourgeoisie. Il fournissait déjà les bras au service d’ordre de Mitterrand en 1981 et constitue une école historique de la trahison politique (Jospin et Mélenchon, entre autre, en sont issus). De même le mouvement « pabliste », c’est-à-dire le trotskisme de la LCR devenue NPA, a, et ce malgré l’héritage d’assises idéologiques plus saines, progressivement renoncé au révolutionnarisme marxiste pour devenir le symbole d’un opportunisme contestataire stérile et souvent complice du jeu des puissants.
Globalement, seuls quelques groupes marxistes ont su préserver leur indépendance et leur intégrité politique, mais bien souvent au prix d’un certain sectarisme politico-organisationnel et d’un certain dogmatisme idéologique.
La puissance corruptrice de la bourgeoisie matérialisée par différentes institutions républicaines et démocratiques, par des groupes d’influences à caractère opaque (franc-maçonnerie), et par les vecteurs politico-médiatiques de l’idéologie dominante, est donc incontestablement un problème majeur à résoudre ou à juguler pour libérer les propriétés subversives du mouvement ouvrier.
2) Idéologie et opportunisme contestataire
« L’idéologie dominante est toujours l’idéologie de la classe dominante ». Cette idée célèbre de Marx est sans doute encore plus vraie aujourd’hui qu’hier. Car l’idéologie dominante est plus pernicieuse que jamais. Elle s’articule adroitement autour de deux pôles idéologiques complices respectivement caractérisés par des valeurs de « gauche » (souvent sociétales) et des valeurs de « droite »(souvent économiques). La bourgeoisie ne cesse d’injecter dans l’esprit du peuple son idéologie avec ses grandes notions vides de sens et pompeusement assénées telles que « démocratie », « tolérance », « liberté », le tout subtilement combiné au gré de l’actualité à des fins propagandistes.
Et s’il y a bien une catégorie de la population qui s’est montrée perméable à l’idéologie bourgeoise, ce sont les néo-contestataires de gauche des dernières décennies. Des mouvements sociétaux des années 80 jusqu’aux indignés en passant par l’altermondialisme, c’est globalement toute la mouvance contestataire dite « alternative », qu’elle soit spontanée ou fomentée par des apôtres du système, qui confirme la règle.
Car si ces formes de la contestation émanent souvent d’une sincère insatisfaction voire d’un sincère sentiment de révolte contre les injustices, force est de reconnaître qu’elles s’inscrivent toujours dans les limites allouées du politiquement correcte. Ainsi, ces mouvements contestataires, loin de constituer une menace réelle pour l’ordre établi, ont en revanche une fonction d’exutoire tout à fait nécessaire pour canaliser et « stériliser » ce petit monde de mécontents apolitiques baignés dès l’enfance dans l’idéologie bourgeoise mielleuse de « l’humanisme », du « pacifisme » et du « démocratisme ». Rien de tel pour le système que de les encourager à se conforter les uns les autres et de les laisser se tirer vers le bas, d’autant plus que de nombreux militants de l’extrême-gauche opportuniste se complaisent volontiers dans l’esprit de ce type d’émulation spontanéiste.
Pourquoi ces mouvements sont-ils condamnés à être inoffensifs ? Eh bien car, s’ils ne sont pas d’emblée placés sous la tutelle de groupements ayant porté allégeance au système (comme ATTAC), ils sont voués à la spontanéité et au vide politique !
Lénine disait que « tout culte de la spontanéité…toute diminution de l’élément conscient signifie, qu’on le veuille ou non, cela n’y fait absolument rien, un renforcement de l’idéologie bourgeoise… ».
Rien n’est plus vrai, et le mouvement des indignés ces dernières années a encore caricaturalement confirmé cet enseignement. L’apolitisme revendiqué du mouvement des indignés, son obsession à se présenter comme « a-partisan » et « pacifiste », son refus de s’associer aux militants syndicaux et politiques du mouvement ouvrier, et son incapacité à formuler autre chose que « démocratie réelle ! », en a fait finalement l’objet d’incessantes récupérations de la part des politiciens bourgeois locaux (Europe écologie-les verts en tête). Si les indignés avaient eu un minimum de conscience politique ou au moins l’envie d’en acquérir une, ils auraient su distinguer les récupérateurs bourgeois de leurs alliés potentiels, ils auraient su opposer à la démocratie bourgeoise les principes d’une authentique démocratie soviétique fondée sur les assemblés populaires. Ils auraient également su être partisans et s’engager politiquement pour une cause et un projet, et ils auraient cheminé vers des convictions révolutionnaires quant aux moyens nécessaires à mettre en place pour changer les choses. Mais non, loin de là, comme à chaque fois dans ce type de mouvement spontané, c’est l’imbécillité qui est gage d’unité.
Que les alternatifs de la contestation s’auto-congratule si ça leur donne bonne conscience, mais la vérité c’est qu’ils n’ont jamais servi à rien pour la cause. En réalité il n’y a pas de dynamique révolutionnaire possible en dehors de l’avant-garde révolutionnaire, pas plus il n’y a d’espoir à placer dans des mobilisations déconnectées des objectifs et des réalités de la lutte des classes.
Conclusion
Deux siècles et demi après avoir commencé à s’imposer comme mode de production dominant, le régime de propriété bourgeois atteint inexorablement ses limites. Mais si l’histoire continue, elle n’a rien de linéaire, et l’heure du dépassement révolutionnaire du capitalisme n’est pas écrite d’avance. Elle dépend de nous autres, hommes et femmes de l’humanité consciente et combattante.
Inévitablement, la période des reculs sociaux laissera place aux périodes d’avancées et de poussées du mouvement ouvrier. Et si les conditions subjectives à la révolution retardent sur la dégradation des conditions d’existence du peuple salarié, nous avons les meilleures raisons de penser que notre époque porte déjà les germes d’une nouvelle période de la lutte des classes et de construction du mouvement révolutionnaire.
Mais pour l’heure, les obstacles au réveil populaire sont légions. Les forces politiques de la révolution ne naviguent pas seulement à contre-courant, elles naviguent également en eaux troubles. Avant d’être à nouveau en capacité d’impacter significativement sur le cours des événements, les révolutionnaires doivent élaborer un diagnostic social clair et se réarmer en conséquence, sur les plans politique, idéologique et organisationnel. Sur cette base, mais sur cette base là seulement, notre développement est inévitable et notre retour dans l’arène politique sonnera le glas de l’ordre bourgeois.
ELIAS
Publié dans Combat n°31 Printemps 2013