Traité européen :
Pas de référundum,
une révolution !
Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a ouvert début Octobre la discussion parlementaire sur la ratification par l’Assemblée nationale et le Sénat du nouveau traité européen (TSCG).
Dans la foulée les deux chambres ont voté la loi organique qui traduira, dans le budget annuel de l’Etat, la politique économique dictée par ce traité. Aussi appelé « pacte budgétaire » ce texte institutionnalise une « règle d’or » limitant le déficit et la dette publique. En cas de non-respect il impose un délai et fixe une amende aux pays. Il est accompagné d’un autre traité, le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) celui-ci a déjà été adopté en février dernier. Il consiste en un fond commun aux Etats européens sur le même principe que le FMI : en contrepartie de prêt financier l’Etat doit mener une radicale transformation libérale par la privatisation de secteurs entiers, l’abandon de la prise en charge sociale des individus – c’est ce qu’ils appellent l’austérité.
Ces deux traités renforcent les mécanismes et durcissent les contraintes contenues dans tous les précédents traités depuis Maastricht. Le PS n’a pas modifié une virgule de ce que Sarkosy avait préparé avec Merkel en début d’année. Hollande est sur les mêmes rails que ses prédécesseurs depuis Mitterrand en passant par Jospin, tous ont apporté leur pierre (leur traité) à l’édifice d’une Europe par et pour l’argent.
Les résultats du nouveau travail du FMI sont observables depuis les années 70 partout sur la planète, dans chaque pays les dégâts sur la population sont considérables. D’ailleurs l’exemple de la Grèce actuellement montre également le véritable but de ces manœuvres : libérer le capitalisme des contraintes sociales qui pèsent sur lui. Education, santé, services publics, coût du travail, tous ces acquis fruit d’une lutte des classes acharnée sont déchiquetés avec le même acharnement par ces institutions au service du capital.
A gauche des voix s’élèvent, du front de gauche au NPA, qui refusent l’austérité et dénoncent un traité « injuste ». Ils demandent sans honte aux députés et sénateurs PS ou Ecolos de voter contre, ils en appellent au référendum ! A croire qu’ils ne comprennent rien et qu’ils ne retiennent rien des expériences du passé, à moins que ce ne soit simplement des traîtres ! Tout le monde s’accorde pourtant sur le fait que ces deux nouveaux traités ne sont que la continuation du développement normal du système capitaliste et de la construction européenne depuis le traité de Rome en 1957.
De droite comme de gauche tous les gouvernements et les parlementaires ont suivi la même voie au service sa bourgeoisie et de ses intérêts. Ce système perdure au détriment de la majorité du peuple pour le profit d’une poignée de capitalistes. Il en est de l’Europe – et de la France – comme du reste du monde. Les réformes qui nous arrivent sous formes de « crises » en Europe sont les recettes appliquées depuis des années dans le reste du monde. Celle du capitalisme et sa recherche implacable du meilleur taux de profit et de nouveaux marchés !
Ceux qui pointent de leur doigt savant sur tel ou tel doctrine monétaire, pleurent sur l’obligation des Etats à s’endetter sur les marchés plutôt qu’auprès d’une Banque Centrale, et déplorent la perte (sic !) de souveraineté des Etats sur leur budget, tous ces affreux social-traitres confondent la maladie avec les symptômes. Pas surprenant alors que leurs réponses au TSCG et MES se manifestent dans l’appel à un référendum stérile et une confiance coupable aux parlementaires de gauche. Quand ils ne demandent pas de se rassembler une énième fois à la Bastille ! Toute les réponses avancées par le Front de Gauche depuis sa création ne sont que des réformes conservatrices, voire archaïques, de l’ordre établi et trahison dans la lutte des classes. Malgré le verbiage énergique d’un Mélenchon les faits sont là. Comme lors du mouvement des retraites le FdG en arrive à sortir le combat de la rue pour le placer dans les urnes. Mélenchon et le PCF ont lancé une campagne « pédagogique » dont ils ont le secret sur un traité dont tout le monde se fout car chacun sait que le dessin général du capitalisme continuera quel que soit le scénario. Les inégalités, les injustices, l’exploitation et contradiction du système se développent jours après jours et gouvernement après gouvernement. La pression sur le peuple travailleur est d’autant plus forte que celle sur la bourgeoisie capitaliste est faible. C’est la lutte des classes. Les lois, les traités, les rapports sociaux sont le reflet de cette lutte. C’est un combat de tous les jours dans les entreprises et dans la rue, pas une chamaillerie sur les bancs de l’Assemblée. Face au plan de licenciements massifs et aux attaques que nous subissons continuellement de la part de nos patrons et notre Etat notre pouvoir n’est pas dans les urnes mais dans nos organisations de lutte, classe contre classe, afin de construire le rapport de force qui nous fera gagner.
NEYA
Publié dans Combat n°29 Automne 2012