Mouvement de grève en Afrique du Sud :
Reste à en finir avec l’Apartheid économique !
La lutte courageuse de 3 000 mineurs de Marikana (Afrique du Sud) a pris une tournure tragique au mois d’août.
Des policiers, armés de fusils mitrailleurs, ont tiré sur la foule des mineurs en grève, armés de bâtons. Dans le conflit social qui les opposent à Lonmin, multinationale qui possède une grande mine de platine à Marikana et dont le siège social est à Londres, les mineurs ont vu mourir de nombreux camarades. Les grévistes revendiquent une importante hausse des salaires, qui tournent autour de 400 euros actuellement. La répression féroce agit partout : on compte déjà plus de 50 victimes dans tout le pays, dont les 34 mineurs de Marikana. Le gouvernement de l’ANC au pouvoir est complice de ce massacre. Ce parti, dont la figure historique est Nelson Mandela, jouit encore d’une grande popularité chez le peuple sud-africain pour avoir obtenu la fin de l’Apartheid et l’égalité civique entre Noirs et Blancs. Mais la nouvelle bourgeoisie noire, qui s’est installée au pouvoir après que la bourgeoisie blanche se soit assuré qu’on ne s’attaquerait pas à son business, est en train de perdre sa légitimité. Car, bien plus que pour une hausse des salaires, c’est contre l’apartheid économique du capital que les mineurs luttent. En effet, quelques grosses compagnies s’accaparent de gros profits grâce à l’activité minière. Les travailleurs, eux, vivent dans des conditions insupportables. Entassées près des mines dans des bidonvilles, sans électricité ni eau potable, ils se révoltent aujourd’hui contre ces inégalités.
Aujourd’hui, les mineurs de Marikana ont ouvert la voie et le mouvement de grève se généralise. Car si ces derniers ont repris le travail fin septembre après avoir obtenu une augmentation de 11 à 22% de leur salaire, leur exemple et la protestation contre la répression ont suscité la combativité et la solidarité ouvrière. Ainsi, les grèves éclatent partout, dans les mines d’or, de chrome, de diamants… et atteignent d’autres secteurs. Certains fonctionnaires ont déposé un préavis de grève. Les routiers, après des semaines de luttes, ont obtenu une hausse de 10% de salaire. Le mouvement social a gagné toute l’Afrique du Sud. Les travailleurs, qui revendiquent une hausse des salaires et de meilleures conditions, se montrent solidaires pour bloquer l’économie. La tuerie de Marikana est la goutte d’injustice qui fait déborder le vase des consciences. En ce qui concerne les acteurs de ce conflit, la base syndicale s’est distinguée en organisant des grèves dites »sauvages ». Les directions des syndicats majoritaires, jugées trop proches du pouvoir, sont largement dépassées par cette base.
Cependant, à l’image d’Anglo American Platinium qui a carrément licencié 12 000 mineurs en grève, le patronat n’a pas dit son dernier mot. Bénéficiant de la complicité flagrante du pouvoir politique, il usera de toutes ses sales méthodes d’intimidation ou de répression pour en finir avec le mouvement gréviste.
C’est après une longue lutte que le régime raciste a été aboli en Afrique du sud. Mais aujourd’hui, le système capitaliste continue de semer son lot de morts et de misère. Après l’égalité civique, c’est maintenant l’égalité sociale que nos camarades sud-africains doivent arracher! Ils nous ont déjà montré leur détermination à travers ce mouvement social, le plus important depuis la fin de l’apartheid. Mais nous autres, communistes révolutionnaires, avons la conviction que la seule façon de trouver une suite heureuse a la lutte, et que la seule façon de mettre réellement fin aux injustices et aux inégalités, c’est d’aller jusqu’à la révolution, jusqu’à l’appropriation sociale de l’industrie minière et de l’économie tout entière !
LUCHO
Publié dans Combat n°29 Automne 2012